Maurice Yaméogo (1921-1993) est un homme d'État. Il a été de 1959 à 1966, le premier président de la République de Haute-Volta, actuel Burkina Faso. « Monsieur Maurice » a incarné l’État voltaïque au moment de l’indépendance. Membre de l'administration coloniale, Maurice Yaméogo se fraye dès 1946, une place dans le dense paysage politique de la Haute-Volta grâce à ses qualités oratoires. En , dans le cadre de la formation du premier gouvernement voltaïque instauré par la loi-cadre Defferre, il intègre le gouvernement de coalition formé par Ouezzin Coulibaly, comme ministre de l'Agriculture sous l'étiquette du Mouvement démocratique voltaïque (MDV). En , menacé par une motion de censure, Ouezzin Coulibaly débauche au profit de l'Union démocratique voltaïque-Rassemblement démocratique africain (UDV-RDA) Maurice Yaméogo et ses alliés à l'assemblée contre l'assurance d'une promotion dans le gouvernement. Maurice Yaméogo se hisse ainsi 2 du gouvernement avec le portefeuille de l'Intérieur, un poste-clé qui lui permet lorsqu'en Ouezzin Coulibaly décède, d'assurer l’intérim de chef du gouvernement. Maurice Yaméogo impose rapidement ses choix. Après la proclamation de la République le , il opère en 1959 un surprenant retournement de position vis-à-vis du projet de Fédération du Mali que défendait Léopold Sédar Senghor. Bien que l'assemblée constituante voltaïque souhaitait l'adhésion de la Haute-Volta à la Fédération, Maurice Yaméogo opte pour la souveraineté internationale et une intégration régionale se limitant à la sphère économique avec le Conseil de l'Entente. Puis Yaméogo neutralise toute opposition parlementaire. L'UDV-RDA épurée de ses adversaires, s’impose en parti unique. La Haute-Volta se trouve avant même l'indépendance, le , sous le joug de sa dictature. En politique étrangère, jaloux et admiratif du succès international de son confrère ivoirien Félix Houphouët-Boigny, il le défie en établissant une éphémère union douanière (1961-1962) avec le très progressiste Ghana de Kwame Nkrumah.