vignette|Nestor Makhno, vers 1925. Makhno est l'un des initiateurs de la réflexion plateformiste.
Le terme plateformisme est inspiré d'un texte communiste libertaire de 1926, la « Plate-forme organisationnelle de l’union générale des anarchistes » également appelé par raccourci Plate-forme d'Archinov, bien qu'il ait été écrit par cinq personnes : Archinov, Nestor Makhno, Ida Mett, Valesvsky et Linsky.
Le concept est forgé dans un débat qui anime l'immigration anarchiste russe en France.
Ces anarchistes russes en exil en France sont des rescapés du mouvement makhnoviste et, comme tous les exilés, réfléchissent beaucoup sur les raisons de leur échec politique. Ils publient pour la première fois la Plate-forme dans leur revue Dielo Trouda, en 1926. Leur intention est de rénover l'anarchisme après le double traumatisme qu'ont constitué la Première Guerre mondiale et l'échec de la conception libertaire de la Révolution russe de 1917, avec la soumission des soviets par le Parti bolchevik.
Dans un contexte politique mondial nouveau, qui voit le déclin du syndicalisme révolutionnaire et de l'anarchisme au profit de la , La « Plate-forme organisationnelle » constitue une tentative — pas la seule, mais la plus ambitieuse — de redresser l'anarchisme qui tend à se replier sur lui-même et à se vivre davantage comme un milieu culturel que comme un mouvement politique.
L'une des clefs de ce « redressement » est la réaffirmation que l'anarchisme est un courant du mouvement ouvrier et non une philosophie culturelle. Pour ses auteurs, l'anarchisme doit extirper les « influences bourgeoises », extérieures au milieu ouvrier, qui sont en train de le dissoudre : l'individualisme libertaire est ici principalement visé.
Lors de son congrès de 1927, l'Union anarchiste communiste (UAC) française adopte la Plate-forme, mais y renonce dès 1930, se trouvant dans l'incapacité de l'appliquer sans la caricaturer.
La Plate-forme est composée de trois parties : une « partie générale », sur le capitalisme et la stratégie pour le renverser ; une « partie constructive », sur le projet communiste libertaire ; une « partie organisationnelle », sur le mouvement anarchiste lui-même.