La poésie sonore est une pratique poétique orale utilisant voix, sons, instruments et outils de diffusion acoustique. Le terme a été utilisé la première fois en 1958, dans un texte signé de Jacques Villeglé et François Dufrêne, à propos d'Henri Chopin. Henri Chopin, exposant en 1967 ce qu'est la poésie sonore, a expliqué qu'il est possible de la diviser en deux groupes : ceux qui sont dans la « profération simple de la voix » et ceux qui usent « des ressources du magnétophone ».
Dès le début du , avant la naissance de la poésie sonore proprement dite, apparaissent des pratiques qui s'échappent du livre et revendiquent une forme d'oralité.
Bien qu'il soit parfois affirmé que les racines de la poésie sonore se trouvent dans les traditions orales, l'écriture de textes purement sonores qui réduisent les rôles de la signification, de la syntaxe et même du lexique est un phénomène du . Parmi les premiers exemples figurent les recherches des futuristes, telles que Zang Tumb Tumb de F. T. Marinetti (1914) ou L'Onomalingua / Verbalizzazioni Astratte de Fortunato Depero (1916), ou encore les expériences de poésie phonétique, telles que le morceau récité par Hugo Ball lors d'une lecture au Cabaret Voltaire, qu'il évoque dans son journal, La fuite hors du temps, à la date du :
J’ai inventé un nouveau genre de poésie, la « poésie sans mots » ou poésie phonétique, où le balancement des voyelles est évalué et distribué uniquement selon la valeur de la série initiale. J’en ai lu les premiers vers ce soir [...] :
gadgi beri bimba
glandridi laudi lonni cadori
gadjama bim beri glassala...
En 1926, Michel Seuphor invente les « musiques verbales », et quatre ans plus tard, ses récitations de poésie phonétique sont accompagnées par Luigi Russolo au Russolophone.
L'Ursonate (1921-32, "Sonate des sons primitifs") de Kurt Schwitters en est un des premiers exemples particulièrement connus...
Mais c'est au milieu des années 1950, que vont se développer, d'abord en France, deux recherches fondamentales en matière de poésie sonore.