Le Silbervogel (« Oiseau d'argent ») était un projet de bombardier sub-orbital propulsé par un moteur-fusée, conçu par Eugen Sänger et Irene Sänger-Bredt dans les années 1930 et devant être utilisé par la Luftwaffe, force aérienne du Troisième Reich. On fait souvent référence à lui comme l'Amerika Bomber (« Bombardier de l'Amérique »), bien qu'il n’ait été que l'un des nombreux projets pour cette mission. Ce projet était remarquable, dans le sens où il incorporait les recherches récentes de la fusée couplée avec le principe de corps portant. Mais il fut jugé comme trop complexe et onéreux pour être réalisé, ce qui fait qu'il ne dépassa pas le stade des tests en soufflerie. Le lancement du Silbervogel s'effectuait sur un rail de de long (vitesse atteinte Mach 1,5) à l'aide d'un gros booster d'une poussée de . Après une montée suivant un angle de 30° jusqu'à d'altitude à l'aide de ses propres propulseurs, le vol se poursuit selon une trajectoire balistique dont l'apogée se trouve à d'altitude suivie d'une série de rebonds atmosphériques à une vitesse avoisinant les . Il descendait alors progressivement dans la stratosphère, où l'augmentation de la densité de l'air génère un phénomène de portance au-dessus du corps plat de l'appareil, causant un « bond » et un gain d'altitude, ce processus se répétant ainsi de suite. À cause du phénomène de traînée, chaque rebond est plus petit que le précédent. Mais il a été calculé que le Silbervogel pouvait traverser l'Atlantique, larguer une bombe de au-dessus des États-Unis et continuer son vol jusqu'à une plateforme d'atterrissage dans le Pacifique, quelque part aux alentours du Japon, soit un voyage total de . L'analyse informatique d'après-guerre sur le Silbervogel démontra une erreur mathématique concernant l'écoulement de la chaleur durant la rentrée dans l'atmosphère, qui était bien plus élevé que d'après les calculs de Sänger et Bredt. Si le projet avait été construit suivant les indications originelles, l'appareil se serait désintégré durant la rentrée.