vignette|300x300px|Francis Derwent Wood confectionnant un masque pour un soldat britannique.
L'expression « gueules cassées » inventée par le colonel Picot, premier président de l’Union des blessés de la face et de la tête, désigne les survivants de la Première Guerre mondiale ayant subi une ou plusieurs blessures au combat et affectés par des séquelles physiques graves, notamment au niveau du visage. Elle fait référence également à des hommes profondément marqués psychologiquement par le conflit, qui ne purent regagner complètement une vie civile ou qui durent, pour les cas les plus graves, être internés à vie.
À la fin de la Première Guerre mondiale, le nombre total de morts s’élevait à 9 millions dont plus de 2 millions d’Allemands, presque 1,5 million de Français, 1,8 million de Russes, Britanniques, et Italiens. Proportionnellement à sa population, la France est le deuxième pays où les pertes ont été les plus importantes.
La France compte un peu moins de 4 millions de blessés, dont près de 500 000 sont des blessés au visage : plaies de la face, du nez, des yeux et des oreilles et surtout des fractures des maxillaires, en particulier du maxillaire inférieur. Par rapport aux blessures de la tête, les blessures de la face sont d'un pronostic vital relativement bénin (faible létalité) mais avec un préjudice esthétique et des conséquences psycho-sociales énormes.
Selon Georges Duhamel, ce type de blessure touche . De tels blessés défigurés peuvent perdre leur identité, voire toute vie sociale (le visage est un « passeport social »).
Le traitement initial (chirurgie de « l'Avant » ou du champ de bataille) consiste en premier lieu à sauver la vie du blessé en évitant les complications mortelles (hémorragies et infections), puis de sauver ou préserver le maximum de surface cutanée possible. Dans un second temps, beaucoup plus long, il s'agit de lutter contre les séquelles par un travail de réparation et de restauration esthétique pouvant durer plusieurs années.