Le raskol (du раскол, schisme) désigne la scission qui survint au sein de l'Église orthodoxe russe à partir des années 1666-1667. En russe, ce schisme particulier est habituellement appelé « raskol », ou никонианский раскол (Nikonianskyi raskol) par les vieux-croyants, c'est-à-dire « raskol nikonien », mais le terme raskol peut servir aussi à désigner d'autres schismes. Le raskol est directement issu des réformes entreprises dès 1652 par le patriarche de Moscou Nikon. Celui-ci s'était fixé deux objectifs principaux pour son patriarcat : d'une part établir la suprématie du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel (ce qui lui fut possible grâce à son influence sur le tsar Alexis I), d'autre part réformer les rites et les textes de l'Église orthodoxe russe en conformité avec ceux des autres Églises orientales de l'époque. La justesse et la régularité de ces réformes furent contestées par nombre de fidèles de l'Église russe. Ce conflit a donné naissance au raskol, séparant du patriarcat orthodoxe de Moscou des millions de fidèles ensuite appelés . Pierre Pascal, historien des débuts du Raskol, situe son origine au , soit la période du . Des causes extérieures ont été cherchées en vain, mais, selon Pascal, . En effet, l'Église russe change beaucoup à partir de la fin du Moyen Âge et son poids devient prépondérant dans le monde orthodoxe après la chute de Constantinople en 1453. Moscou a son propre métropolite depuis 1448 et les Russes ont de plus en plus de défiance envers l'Église grecque : Dieu n'aurait-il pas puni les Grecs de leurs vices en laissant Constantinople être prise par les Turcs ? Moscou, patriarcat libre et resté dans la tradition orthodoxe, n'a-t-il pas vocation à prendre le relais de la capitale byzantine ? C'est ainsi que la ville s'impose progressivement dans les mentalités comme la et que les grands princes de Moscovie prennent le titre de « Tsar », variante slave de César. L'idée d'une « Troisième Rome » ne fut cependant jamais formellement admise par l'Église orthodoxe et les patriarches russes ont toujours affirmé pour eux la primauté de Constantinople.