Ahl al-ḥadīth (en arabe : اهل الحديث), aussi appelés aṣḥāb al-ḥadīth (اصحاب الحديث), littéralement les “gens/partisans du hadith”, sont ceux qui à partir du - siècles de l'Hégire (- siècle ap. J.-C) se distinguaient par la prévalence qu’ils accordaient au Coran et aux hadiths dans la formation du droit et du dogme de l'islam. Une grande partie des savants de cette obédience exerçaient à Bagdad bien qu'on en compte d'autres dans d'autres régions à cette époque sous domination abbasside. Les ahl al-hadith constituent une des composantes de ce qui formera plus tard le sunnisme, c'est-à-dire qu'une grande partie de leur héritage est ensuite mobilisée par les sunnites des différentes écoles de juridiques qui se développent à partir du - siècle de l'ère commune, en particulier chez les hanbalites. Il faut distinguer les expressions "traditioniste" et "traditionaliste". Un traditionniste pouvait également être d'obédience traditionaliste et réciproquement. Les traditionnistes, dits aussi muhaddithun, étaient des rapporteurs de traditions prophétiques et des spécialistes de la science du hadith. Tandis que traditionalistes sont les savants qui considéraient que le Coran et les hadiths devaient être les seules sources de la loi et du dogme théologique. Ils excluaient en cela différents outils tels que le raisonnement spéculatif, l’analogie, le jugement rationnel etc. Ces outils étaient précisément l’objet de débats et de polémiques entre traditionalistes et leurs opposants rationalistes. Pour saisir pleinement la pensée des ahl al-hadith, il est souvent nécessaire de la comparer avec celle de leurs adversaires dans la mesure où l’une se construit en opposition à l’autre. Ces derniers étaient appelés le plus souvent ahl al-kalam (théologiens spéculatifs) et ahl al-ra’y (juristes rationalistes). Les traditionalistes accusaient ces derniers d'être à l'origine d'innovations (bidʿa, pl. bidaʿ) dans leurs écrits, une notion connotée négativement puisqu'il s'agissait selon eux d'éléments qui ne reposaient pas sur les fondements solides et seuls légitimes qu'étaient selon eux les sources révélées.