La théorie de l'acteur-réseau, aussi connue sous l'abréviation ANT (pour Actor-Network Theory), sociologie de la traduction ou encore sociologie de l'acteur-réseau terme choisi par Michel Callon, est une approche sociologique développée à partir des années 1980 par Michel Callon, Bruno Latour, Madeleine Akrich et d'autres chercheurs du Centre de sociologie de l'innovation de Mines ParisTech. Son principal théoricien anglo-saxon est John Law, mais il faut citer aussi Arie Rip, Susan Leigh Star, Geoffrey Bowker.
Cette approche se distingue des théories sociologiques classiques parce qu'elle prend en compte dans son analyse, au-delà des humains, les objets (« non-humains ») et les discours. Ces derniers sont également considérés comme des « acteurs » ou des « actants », selon un concept emprunté de A.J. Greimas qui désigne ainsi toute entité sans distinction ontologique entrant dans un processus sémiotique.
À l'origine, Callon et Latour s'intéressent aux conditions de production de la science et, en particulier, à la construction des faits scientifiques en laboratoire (voir Latour et Woolgar, Laboratory life, 1979). Leur position épistémologique est radicale : ils rejettent les positions externalistes, rationalistes, la naturalisation (le réalisme), la sociologisation (le fait scientifique compris notamment comme la résultante des jeux de pouvoir et de facteurs sociaux, position soutenue par le Programme fort (David Bloor, Barry Barnes) ou par Harry Collins et les représentants de la sociologie de la connaissance scientifique (SSK)). Ils se distancient également du postmodernisme et de la déconstruction (le relativisme naissant de l'illusion du locuteur et des jeux de langage). En s'écartant de ces positions, ils veulent en finir avec les cloisonnements et reconsidérer le fait scientifique et humain en fonction de la multiplicité des relations qui le constituent (relativisme dit « relationniste »). Cette conception les conduit à rejeter les approches qui séparent l'« humain » du « non-humain », et conséquemment, celles qui séparent politique et sciences (et technologies) ou plus largement nature et société.