L'expression versets sataniques évoque les versets (ʾāyāt) du Coran où Satan aurait fait dire à Mahomet des paroles empreintes de conciliation avec les idées polythéistes. Cet épisode concerne les versets 19 à 23 de la sourate 53 (النَجْم [An-Najm], L'Étoile). Cet incident aurait eu lieu à La Mecque, huit ans avant l'hégire (هجرة [hijra], « émigration, rupture, séparation, exil »). L'épisode est « rapporté dans de nombreuses sources du commentaire islamique ».
L'expression a été inventée par l'orientaliste écossais Sir William Muir dans les années 1850 et Salman Rushdie l'a retenue comme titre de son livre Les Versets sataniques (1988), ces termes renvoyant explicitement aux versets de la sourate 53.
Le terme « versets sataniques » est une appellation occidentale, inusitée dans la tradition arabo-musulmane.
L'épisode des versets sataniques relate un événement issu des biographies (siyar) de Mahomet par Ibn Sa'd et Tabari, au cours duquel Satan aurait fait prononcer des versets hérétiques à Mahomet que l'ange Gabriel n'aurait pas révélé. Alors qu'il était en conflit avec les Quraychites sur le rejet des idoles, et désirait ardemment la conversion de son peuple, Mahomet récite la sourate de l'Étoile récemment descendue devant l'assemblée des Quraysh. Satan aurait alors profité du désir de Mahomet pour lui faire dire en parlant des trois divinités principales du panthéon chez les polythéistes mecquois, Al-Lat, al-Uzza et Manat : . Al-Lat, al-`Uzzâ, et Manât étaient des déesses préislamiques. Les musulmans et les polythéistes se seraient alors inclinés ensemble. L'événement aurait réconcilié temporairement les Mecquois et permis le retour des immigrés en Abyssinie, qui auraient eu vent de la réconciliation. Gabriel aurait alors signalé à Mahomet qu'il s'était trompé dans la récitation, et celui-ci aurait alors récité à nouveau la sourate devant les Quraysh sans erreur, ce qui aurait ammené la rupture définitive entre les musulmans et les Quraysh.