Le droit héraldique de l'Église catholique est fondé sur l'ordre hiérarchique de sa constitution. Tandis que le droit d'état de la noblesse, à l'origine des armoiries, était subordonné à l'exercice du métier des armes et à la naissance, le droit d'état de la hiérarchie est fondé sur l'exercice des charges ecclésiastiques et sur une consécration (ordination pour les prêtres et les évêques, profession pour les religieux, bénédiction abbatiale pour les abbés). La naissance ne joue aucun rôle décisif. Au début de l'héraldique, le port des armes était inséparable de la guerre et du tournoi. Si la participation à des entreprises belliqueuses était interdite au clergé, à l'exception des aumôniers de l'ost, le tournoi l'était encore plus. Cet exercice, souvent sanglant et meurtrier, fut, quoique avec peu de succès, toujours condamné par l'Église catholique et même interdit sous peine d'excommunication, non seulement aux clercs, mais aussi aux laïques. Même si l'on voit Guillaume de Joinville, évêque de Langres (1209-1215) faire usage des armoiries de son diocèse, sans toutefois y ajouter de symboles ecclésiastiques, l'usage des armoiries dans l'Église ne s'est vraiment répandu que vers le milieu du , près d'un siècle après son début dans la chevalerie. C'est surtout l'emploi du blason dans les sceaux qui l'a mis en vogue au sein de l'Église. Il y eut néanmoins au début une hésitation marquée pour l'attribution d'armoiries aux ecclésiastiques. Dans l'armorial zurichois, Zürcher Wappenrole de 1240, on trouve de prélats, mais elle ne figurent pas encore sur des écus de modèle courant, mais sur des bannières. En effet, les dignitaires ecclésiastiques ne pouvaient pas participer personnellement aux expéditions militaires et s'armer de l'écu et du heaume, mais ils étaient tenus d'envoyer leur contingent féodal à leur suzerain. Les dames, elles non plus, ne faisaient pas la guerre, mais les sceaux de la seconde moitié du prouvent déjà qu'elles adoptaient avec fierté, comme signes personnels, les écus de leurs pères ou époux.