La théologie de la croix, également appelée staurologie, est une branche de la théologie chrétienne centrée sur le mystère de la Crucifixion. Développée notamment dans plusieurs épîtres de Paul et chez Origène, l'importance de la croix est conceptualisée par Martin Luther, qui a créé l'expression d'origine, en latin : theologia crucis. Cette notion a gardé un rôle majeur dans la théologie protestante. Au , elle transcende les divergences confessionnelles et occupe une place centrale dans l'œuvre de théologiens comme Hans Urs von Balthasar et Karl Barth. La théologie de la croix est une forme particulière de la théologie chrétienne en ce qu'. En conséquence, toute la construction théologique doit être ordonnée à la croix et à la crucifixion, du fait de leur rôle unique dans le salut, ce qui permet et contraint à la fois à une nouvelle appréhension du divin, notamment dans l'inversion de ses prérogatives. Dieu, à la croix, se révèle faible et mourant, et non fort et puissant. Quand Martin Luther crée l'expression, il se place en opposition à la « théologie de la gloire » (theologia gloriæ) au cours de la Dispute de Heidelberg en 1518. Dans ce débat, il représente l'ordre des Augustins et expose ses thèses qui serviront plus tard de fondement à la Réforme protestante. Il définit la croix du Christ comme seule source de la connaissance de Dieu et du salut, alors que la théologie de la gloire met davantage l'accent sur la raison humaine. En ce sens, pour Luther, la théologie de la gloire est une doctrine spéculative qui trouve son apogée dans la scolastique, à laquelle il reproche de se fier à la rationalité pour prétendre approcher Dieu, qui est invisible, à travers sa création, qui est visible. Cette prise de position se réfère directement aux épîtres de Paul, qui établissent un lien entre la croix et la sagesse, notamment en 1 Co 1:18-21 et 8, et fustigent les « ennemis de la croix » (Ph 3:18).