Le Théétète est un dialogue de Platon sur la science et sa définition. Ce dialogue est le premier d'une série de trois (avec Le Sophiste et Le Politique), ou de quatre, si l'on compte Le Philosophe. Platon veut démontrer l’importance des formes : sans elles, on ne définit pas, et la science est rendue impossible ; sans elles, la dialectique est négative, elle est réfutative (en ἔλεγχος, réfutation) et la philosophie, qui en découle, ne produit rien qui puisse être dit science. Dans le Théétète, Socrate et Théétète cherchent une définition de la science et examinent en premier lieu la question de savoir si la connaissance trouve sa source dans ce contact de l'âme au sensible, sur la sagesse en tant que science (en grec ancien ) et le savoir (en grec ancien ). Les deux premières définitions considérées sont que la science est la sensation et que la science est opinion. La première définition se heurte à l'objection suivante : le monde sensible est devenir, c'est-à-dire un ensemble d'objets qui naissent et qui se corrompent, s'accroissent et décroissent. Monde sensible et devenir sont synonymes. Mais si toute réalité est un devenir, elle se transforme sans cesse, et il est impossible d'y trouver la stabilité nécessaire à une connaissance vraie et certaine ; en effet, dans le sensible, un objet a tantôt telle qualité, tantôt telle autre, ou bien les deux en même temps, si bien que l'on en arrive à trouver des qualités contradictoires dans la même réalité. La conception héraclitéenne du monde sensible anéantit donc la connaissance, en soutenant que la nature du réel est d'être contradictoire. Mais cette conception fait également dépendre la connaissance, à la manière de Protagoras, des états empiriques de l'individu, selon la formule : « L'homme est la mesure de toute chose ». Ce relativisme, en posant que c'est de l'être-même des choses, et non seulement de leur connaissance, que chaque individu est le critère, fait de la connaissance un simple point de vue, et abolit toute possibilité de vérité.