thumb|upright|Monsieur de Phocas, de Jean Lorrain (1901), édition de 1908 illustrée par Géo Dupuis.
Le décadentisme (également appelé mouvement décadent, ou décadisme) est un mouvement littéraire et artistique controversé qui s'est développé en Europe et aux États-Unis principalement au cours des vingt dernières années du et consistant en un attrait pour l'irrationnel, la mort, le mystère et un rejet de la science. On parle aussi de littérature ou d'esthétique fin-de-siècle.
Il s'agit davantage d'un état d'esprit, d'une attitude, d'une posture, voire d'une esthétique, qui s'installe dans les milieux littéraires et chez certains plasticiens à la fin du , que d'un véritable mouvement ou école artistique. Mais il existe un lien entre une certaine forme de lyrisme et le décadentisme, lequel est un des symptômes manifestes de la modernité.
Le positivisme a fait son temps : la seconde révolution industrielle est là, et l'impérialisme et le colonialisme s'imposent vers 1880-1890.
L'idée de « décadence » apparaît en France dès le Second Empire, où l'on parle de « déclin ». L'humiliation de la défaite de 1871 et la Commune sont présentées par de nombreux écrivains et artistes comme la fin d'un monde.
Toutefois, c'est avec la publication des Essais de psychologie contemporaine de Paul Bourget en 1883 que le mouvement décadent commence à se définir. Face au sentiment de déliquescence qui l'habite, une génération d'artistes se reconnaît dans son analyse de la névrose des maîtres contemporains.
Marqué dès 1884 par la parution du Crépuscule des dieux d'Élémir Bourges et d‘À rebours de Joris-Karl Huysmans, le mouvement se définit par sa « désespérance teintée d'humour et volontiers provocatrice ».
En 1885, un pastiche d'Henri Beauclair et Gabriel Vicaire, Les Déliquescences, poèmes décadents d'Adoré Floupette ridiculise les Décadents, visant ici les symbolistes, dont il met en avant les tics, le pessimisme morbide, la langueur affectée, les divers abus, mais aussi les audaces de style, en prose comme en poésie.