Pierre Morain, né le à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise) et mort le à Verrières (Aveyron), est un ouvrier carreleur, syndicaliste, militant communiste libertaire et anticolonialiste. Arrêté le , il est le premier militant français emprisonné (un an d’incarcération) pour son soutien aux indépendantistes algériens. En 1953, ouvrier carreleur, il adhéra au du Syndicat Unique du bâtiment (SUB) de la Confédération nationale du travail et en devint le secrétaire. Il fut cependant mal à l'aise dans les querelles qui déchiraient alors la CNT-F et rejoignit, à l'été 1954, la Fédération communiste libertaire (FCL). En accord avec le Mouvement National Algérien (MNA) de Messali Hadj, il est envoyé en avril 1955 dans le Nord de la France pour y favoriser les contacts entre nationalistes algériens et syndicalistes français. Il travaille le jour comme manœuvre terrassier chez Carette-Duburcq et diffuse le soir Le Libertaire dans les cafés algériens. Le journal consacre une large place à l’activité des révolutionnaires algériens et Pierre Morain rédige plusieurs articles importants consacrés à la vie quotidienne des Algériens de Roubaix. Le , il participe à Lille aux violents affrontements survenus lors de la manifestation entre les forces de l’ordre et les travailleurs algériens porteurs de banderoles réclamant L’Algérie libre. Militant du Mouvement de Libération Anticolonialiste (MLA) qui, à Paris, rassemble des anarchistes, des trotskistes et des militants de la mouvance qui deviendra la nouvelle gauche, il rédige un tract qu'il dépose aux arrêts de bus de Roubaix, Tourcoing et Croix. Une patrouille des douanes l’interpelle et l'interrogent pour savoir s’il est l’auteur de l’article sur le mai à Lille publié dans Le Libertaire. Il est arrêté le . Incarcéré à la prison de Loos et il est inculpé, avec plusieurs responsables du MNA, pour « reconstitution de ligue dissoute » pour sa participation à la manifestation du mai. C'est le premier Français métropolitain condamné dans le conflit algérien.