Le terme anarchie est un dérivé du grec « ἀναρχία » (« anarkhia »). Composé du préfixe a- privatif an- (en grec αν, « sans », « privé de ») et du mot arkhê, (en grec ἀρχή, « origine », « principe », « pouvoir » ou « commandement »). L'étymologie du terme désigne donc, d'une manière générale, ce qui est dénué de principe directeur et d'origine. Cela se traduit par « absence de principe », « absence de règle », « absence de chef », « absence d'autorité » ou « absence de gouvernement » et surtout, « absence de commandement ». Ses détracteurs assimilent l'anarchie au chaos, au désordre et à l'anomie tandis que ses partisans l'emploient dans un sens positif désignant un système où les individus sont dégagés de toute autorité. Ce dernier sens apparaît en 1840 sous la plume du théoricien socialiste Pierre Joseph Proudhon (1809-1865). Dans Qu'est-ce que la propriété ?, l'auteur se déclare anarchiste et précise ce qu'il entend par anarchie : une forme de gouvernement sans maître ni souverain. Chez Homère ou Hérodote, le terme anarkhia apparaît d'abord pour désigner une situation dans laquelle un groupe armé, ou une armée, se retrouve sans chef. En -467, dans Les Sept contre Thèbes, l'auteur de tragédie Eschyle utilise pour la première fois le mot αναρχία dans le sens de « désobéissance, anarchie ». Dans cette pièce, Antigone refuse d'obéir aux ordres de la cité pour donner une sépulture au cadavre de son frère condamné à être « livré aux chiens » : « Il ne m'est point honteux d'ensevelir mon frère et d'enfreindre en ceci la volonté de la Ville. » Selon l'historien Xénophon, dans les Helléniques, l'année -404 est nommée l'« Anarchie » par les athéniens. Après la défaite d'Athènes lors de la guerre du Péloponnèse, Sparte impose à la ville un gouvernement oligarchique composé de trente magistrats, les tyrans. Contrairement à la coutume alors en usage à Athènes, les athéniens refusent de faire honneur à Pythodoros, archonte élu par les oligarques, en donnant son nom à l'année en cours.