L’invasion dorienne est une hypothèse avancée par les historiens de la Grèce antique pour expliquer la discontinuité entre les dialectes et les usages pré-classiques du sud de la Grèce et ceux de la Grèce classique, appelés « doriens » par les auteurs de l'Antiquité.
Selon la tradition, en effet, le peuple des Doriens se serait emparé du Péloponnèse à la suite d'un coup de force interprété comme le « Retour des Héraclides ». Les érudits ont longtemps vu dans ce mythe l’interprétation d'un événement réel qu'ils ont appelé invasion dorienne. La portée de ce concept a beaucoup varié selon les auteurs, dans la mesure où historiens, philologues et archéologues s'en servaient pour expliquer les ruptures qu'ils rencontraient dans leur discipline propre. L'apparition d'une culture dorienne sur certaines îles de Méditerranée comme la Crète (les Doriens auraient colonisé plusieurs sites de Crète comme Lato) n'est d'ailleurs pas aisée à dater.
Malgré deux siècles de recherches, l’historicité d'une invasion dorienne n'a jamais pu être démontrée. Si les travaux inspirés par cette hypothèse ont permis d'écarter un certain nombre d'idées reçues, le concept initial s'est par ailleurs dissous en une multitude d'interprétations, mais l'existence de mouvements migratoires importants ne peut être écartée.
vignette|Héraclès et Athéna, Céramique attique à figures rouges.
Selon la tradition antique, les descendants d’Héraclès (appelés Héraclides), exilés à sa mort, seraient revenus en force quelques générations plus tard, réclamant les terres que leur ancêtre détenait dans le Péloponnèse. Mais la Grèce archaïque de la tradition est une reconstruction largement mythique : si on identifie aujourd’hui ses héros avec des rois de la Grèce mycénienne, le thème du « retour des Héraclides » est né des mythes (voir l'article Évhémérisme), et du reste la généalogie varie d'un auteur à l'autre, le seul point commun étant qu'un clan historique se réclame d’Héraclès.