En linguistique, le terme ayant la forme française cataphore a été formé par le linguiste allemand Karl Bühler des éléments grecs anciens κατά (katá) « en bas » et φέρω (phéro) « je porte », donnant le mot καταφορά (kataphorá), par analogie avec le terme ἀναφορά (anaphorá) « anaphore ». C’est un phénomène syntactico-sémantique qui consiste en l’anticipation, par un élément linguistique ayant le statut de substitut, d’une entité également linguistique (mot, groupe de mots, phrase simple, phrase complexe) exprimée par la suite, ex. Moi, je vais te dire ceci : je n’aime pas beaucoup ce film. L’entité anticipée, appelée postcédent, représente une réalité extra-linguistique appelée référent, et le substitut, appelé élément cataphorique, représente à son tour le postcédent, donc, dans la plupart des cas, indirectement le référent. La référence cataphorique est un moyen de marquer l’identité, appelée coréférence, entre ce qui est exprimé et ce qui va être exprimé. L’élément κατά (katá) « en bas » est motivé par l’écriture, dans l’Antiquité, sur des rouleaux. La cataphore s’oppose à deux autres phénomènes de référence. L’un est également phorique, l’anaphore, plus fréquente, qui diffère de la cataphore par le fait que c’est une reprise, c’est-à-dire une référence à une entité linguistique exprimée auparavant, ex. Nos filles sont étudiantes ; elles sont à Paris. L’autre est la deixis, la référence directe, en situation de communication, à un élément extralinguistique de cette situation, ex. Est-ce que tu as besoin de ça ?, dit en montrant un objet. Les éléments cataphoriques sont en général des mots de plusieurs natures grammaticales. Ils peuvent aussi être anaphoriques ou déictiques. Les cas de leur emploi peuvent différer en fonction de la langue donnée. Les postcédents des cataphoriques sont le plus souvent des noms, mais peuvent aussi être d’une autre nature, avec diverses fonctions syntaxiques, ainsi que des groupes de mots, des phrases simples, des phrases complexes ou des entités encore plus grandes.