Le kriss, kris, ou keris (en javanais et en malais), est une arme blanche caractéristique du monde malais (Indonésie, Malaisie, Singapour, Brunei, Philippines et sud de la Thaïlande). Le « kris indonésien » fait partie du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
thumb|upright|left|Balinais portant un kriss (1910-1920).
Il s'agit d'une dague allongée ou d'une épée à lame droite ou sinueuse, de texture lisse ou rugueuse, aiguisée sur les deux tranchants. Cette lame en acier présente souvent des motifs décoratifs forgés (pamor). À la fois arme et objet rituel, le kriss est traditionnellement considéré comme ayant des pouvoirs magiques.
Selon la tradition, à chaque kriss correspond un propriétaire particulier. Il ne peut être prêté, vendu ou donné à un étranger, il se déchargerait de son énergie spirituelle. La fabrication d'un tel objet est un rituel impliquant le futur propriétaire et le forgeron.
Le kriss était habituellement forgé à partir de fer doux et d'acier au carbone (parfois du ''wootz'' importé d'Inde). Le soudage des deux métaux par forgeage fait alors apparaître un contraste visible à l'œil nu entre l'acier plus sombre et le fer doux riche en nickel plus clair, exactement comme le fameux acier damassé iranien. Les motifs visibles à la surface de la lame témoignent alors de la compétence de son forgeron et du prestige de son propriétaire. À partir du , des aciers d'origine européenne furent employés à la place du fer local. D'emploi exceptionnel, le fer météoritique a été utilisé au pour forger certains kriss pour les souverains de Surakarta et de Yogyakarta.
Probablement originaire de l'île de Java, le kriss se serait répandu ensuite dans le reste de l'archipel indonésien, dans la péninsule malaise et dans le sud des Philippines. C'était une arme très prisée des pirates malais dans les combats qu'ils se livraient sur les ponts des navires (fig. 1). Les plus anciens kriss connus ont été fabriqués aux alentours de 1360 à Java.