La matière désigne la réalité constitutive du monde physique — celui des corps. Elle s'oppose en ce sens aux notions de « forme » ou d'« esprit » qui désignent des caractéristiques non matérielles du monde. La physique est la science qui en étudie les propriétés. Le mot « matière » est dérivé du mot latin māteria, qui signifie « bois » au sens de « matériau ». Pour les philosophes de l'Antiquité grecque et latine, puis pour les philosophes scolastiques du Moyen Âge, la matière est un substrat informel qui constitue dans les choses ce qui est susceptible de recevoir une forme. Descartes l'identifie à l'« étendue » tandis que Locke la définit comme « impénétrabilité ». Chez les philosophes présocratiques, larkhè (ἀρχή) est le premier principe du monde. Thalès de Milet affirme que ce premier principe est l'eau. Sa théorie prétend se justifier par l'observation de l'humidité partout dans le monde et coïncide avec sa conception d'une terre qui flotte sur l'eau. La théorie de Thalès est réfutée par son élève et successeur, Anaximandre. Celui-ci note que l'eau ne peut pas être arkhè, car elle ne peut pas donner lieu à son contraire, le feu. Anaximandre prétend qu'aucun des éléments fondamentaux (terre, feu, air, eau) ne peut être larkhè, et ce pour la même raison. Il propose alors sa propre théorie de l'apeiron, substance indéterminée à partir de laquelle toutes les choses naissent et à laquelle toutes reviennent. L' apeiron définit selon lui la matière première de toute chose sur fond de laquelle chaque chose se différencie. Anaximène, l'élève d'Anaximandre, avance une autre théorie. Il retourne à la théorie des quatre éléments mais postule que c'est dans l'élément air plutôt que dans l'eau que réside l' arkhè. Anaximène suggère que tout est constitué d'air à divers degrés de raréfaction et de condensation (« amincissement » ou « épaississement »). Raréfié, l'air devient le feu ; condensé, il devient le premier vent, puis les nuages, l'eau, la terre, et enfin, la pierre.