La pièce à thèse est une forme théâtrale qui naît au et s'inscrit dans le courant réaliste qui traverse alors le monde littéraire et artistique. La pièce à thèse aborde des questions sociales controversées à travers les points de vue contradictoires exprimés par les personnages, points de vue qui reflètent de façon réaliste les problèmes de leur milieu social. Sa traduction anglaise, problem play, a été utilisée rétrospectivement par la critique shakespearienne et traduite par « pièce à problème » en français. Si le théâtre servait depuis longtemps de tribune au débat social, la pièce à thèse se distingue d’abord de celles qui l'ont précédée en raison de la volonté didactique de l’auteur de défendre un point de vue moral, philosophique ou social en confrontant le spectateur au dilemme où sont placés les personnages de la pièce. En 1859, le critique littéraire de L'année littéraire et dramatique ou Revue annuelle des principales productions de la littérature note la difficulté de qualifier ces pièces nouvelles « qu’on ne saurait classer ni parmi celles d’intrigue, ni parmi celles de mœurs, ni parmi celles de caractères ». Il en esquisse la problématique : C’est par exemple la façon dont Alexandre Dumas fils aborde le problème de la prostitution dans La Dame aux camélias (1852) qui sera suivie de Diane de Lys, Le Demi-monde, La Question d’argent et, le 16 janvier 1858, du Fils naturel qui est un « formidable succès ». D’autres auteurs, comme Émile Augier (1820-1889) ou Eugène Brieux (1858-1932), lui emboitent le pas sur le mode moralisateur ou sentimental, explorant ainsi divers problèmes de société et donnant voix à des points de vue qui pouvaient difficilement s’exprimer dans la société de l’époque. À Paris, ce sont les théâtres du Gymnase et du Vaudeville qui s’en font une spécialité. Les critiques ne manquent pas de souligner le ton dogmatique de certains auteurs, qui ont contribué à prêter à l'expression « pièce à thèse » des connotations négatives : Le genre devient plus subtil et plus ouvert avec l’auteur norvégien Henrik Ibsen.