En cryptologie, un adversaire (traduit directement de l'anglais adversary) est une entité malveillante dont le but est d'empêcher les utilisateurs légitimes d'un cryptosystème de réaliser leur but (principalement confidentialité, intégrité et disponibilité des données). Les efforts d'un adversaire peuvent être dirigés vers la découverte de données secrètes, la corruption de données, le spoofing de l'identité d'un expéditeur ou d'un récepteur de message ou la pression pour mettre le système en temps d'arrêt. Ce concept permet de marquer une différence fondamentale entre la cryptographie et les éléments classiques de la théorie de l'information dans le cadre de la gestion et de la transmission de données. La cryptographie doit faire face à un adversaire « intelligent » dans le sens où cet adversaire est capable de mettre à mal le système par une réflexion, une analyse et la conception d'une attaque précise qui peut être mise en œuvre. La théorie de l'information tient habituellement compte, quant à elle, de phénomènes physiques aléatoires qui viennent perturber les communications. Même si un bruit présent sur un canal de communication peut être mathématiquement décrit, on peut le considérer comme un « adversaire » sans intelligence, c'est-à-dire une attaque « au hasard ». Toutefois, il est également possible de traiter du bruit produit « intelligemment » par un adversaire avec la théorie de l'information, ce qui en modifie les théorèmes. Par exemple, avec un bruit-adversaire, on peut corriger la moitié moins d'erreurs. Les adversaires réels (non-idéalisés par une théorie) sont appelés , et ce terme est prédominant en sécurité informatique, beaucoup moins en cryptographie et vice-versa. Dans la pratique comme en théorie, des personnages fictifs tiennent le rôle de variables d'adversaires et on les nomme couramment Eve, Mallory, Oscar et Trudy. Les analyses d'adversaires dites théoriques sont néanmoins d'application pratique, puisqu'elles sont prises en considération en sécurité informatique.
Carmela González Troncoso, Giovanni Cherubin