Un bimaristan est un établissement charitable musulman destiné à soigner et offrir l'hospitalité aux individus victimes d'une atteinte à leur santé (pathologies, blessures, fractures, etc.). Il s'agissait d'un élément constitutif et central du système médical institutionnel dans les régions du monde appartenant à la civilisation islamique. Même si, en général, leur activité n'est historiquement authentifiée que durant l'âge d'or des sciences arabo-musulmanes, nous savons que des bimaristans ont continué de fonctionner jusqu'au XIXe siècle dans certains territoires musulmans (Inde moghole, État d'Alger, ville d'Istanbul...) : à titre d'exemple, parmi les huit établissements de soins présents dans la ville d'Alger à la fin du XVIIIe siècle, 4 étaient des bimaristans (accueillant les populations arabes et juives) et 3 des hôpitaux européens destinés à la population chrétienne de la ville. Par rapport à l'Occident chrétien antérieur aux XVIIIe et XIXe siècles, ce système se distingue par son organisation rationnelle des soins, la présence de médecins et un enseignement clinique à l'hôpital, qui les rendent similaires à l'hôpital, selon la conception moderne du terme, à la différence que les services proposés par les bimaristans étaient intégralement gratuits. Les professeurs vont organiser des conférences au sein de la bibliothèque et enseigner la matière théorique de la profession. Puisque les étudiants apprennent directement sur le lieu médical, ces derniers peuvent accompagner leurs professeurs auprès des patients afin d'approfondir leurs connaissances pratiques. Le mot bimaristan signifiait Hôpital en langue Pehlevi et Persane (بیمارستان bīmārestān) de Bimar- en écriture pehlevi venant de vīmār ou vemār qui signifie "malade" et -stan un suffixe signifiant endroit, lieu. À l'époque moderne, le mot est souvent contracté en maristan pour ne s'appliquer qu'aux établissements psychiatriques. L'existence d'un véritable hôpital à Gundishapur en Perse pré-islamique est contestée, mais l'importance d'une terminologie persane pour les fonctions ou services hospitaliers en pays d'Islam semble indiquer une influence persane.
Stewart Cole, Charlotte Avanzi, Philippe Busso