La pédagogie institutionnelle est un courant pédagogique issu du mouvement Freinet. Il a été initié par Fernand Oury (1920-1998) et Raymond Fonvieille (1923-2000). C'est Jean Oury (1924-2014), psychiatre et psychanalyste, fondateur de la clinique de La Borde et frère de Fernand Oury, qui aurait proposé l'expression « Pédagogie institutionnelle » en 1958 au cours du congrès international de l'École moderne (ICEM/mouvement Freinet) qui a eu lieu à Paris. Il rapproche ainsi pédagogie et psychothérapie « institutionnelles ». La pédagogie institutionnelle consiste en la mise place d'institutions dans les classes et dans les groupes. Son but est de permettre au groupe-classe (incluant aussi bien les élèves que l'enseignant) de se réguler et de réguler ses apprentissages à travers l'établissement « d'institutions » décidées collectivement (Conseil, métiers). Dans la pédagogie institutionnelle, la circulation de la parole et l'expression de chacun sont centrales. Ainsi, cette pratique pédagogique vise à prendre en compte la subjectivité des élèves et des enseignants. La pédagogie institutionnelle dénonce l'« école caserne » (F. Oury et J. Pain). Elle prend le contre-pied de la « bureaucratie pédagogique » (M. Lobrot) qui ne vise plus qu'à satisfaire les objectifs qui la valident et la légitiment au détriment d'une finalité éducative visant l'émancipation de l'être humain et son accomplissement. Si l'enfant perçoit l'espace de la classe comme un espace sécurisant, de reconnaissance, et non plus d'hostilité et de concurrence, il va progressivement prendre en charge sa vie d'écolier. Il va garder ou retrouver le goût d'apprendre, à travers son engagement, ses initiatives et ses implications. Les liens entre la psychothérapie institutionnelle et les innovations pédagogiques remontent au travail mené à partir des années 1940 à l'asile de Saint-Alban (aujourd'hui centre hospitalier François-Tosquelles), l'instituteur du village appliquant les techniques Freinet.