La détrempe est une peinture dont les pigments sont liés par des colles restant solubles à l'eau après séchage. On la distingue de la tempera qui désigne les peintures à base d’œuf et de la peinture dite "à la colle" qui utilise pour liant des colles devenant insolubles après séchage (gélatine, caséine). Pour les détrempes liées à la gomme arabique, on parle plus spécifiquement d'aquarelle et de gouache. La détrempe est par exemple la technique utilisée par les peintres néolithiques. Elle est la base de la peinture chinoise, de la fresque, de l'enluminure. La détrempe représente en occident la technique dominante avant l’apparition de la peinture à l’huile, dont l'invention est attribuée à Jan van Eyck (1390-1441). Elle permet une grande finesse mais séchant rapidement, la détrempe ne permet pas le repentir et demande donc une préparation soigneuse. La technique consiste souvent à l’appliquer en couches très fines superposées, ou par hachures très fines, un peu à la manière dont on utilise les crayons de couleur. La détrempe, travaillée en monochrome, servait souvent de fond pour les peintures à l’huile. Au , la Flandre se fait une spécialité de grandes peintures à la détrempe qui tendent à remplacer les coûteuses tapisseries. Ce sont des œuvres décoratives peintes sur toile et destinées, tout comme les tapisseries, à la décoration d’intérieurs bourgeois. Des peintres comme Pierre Bruegel l'Ancien ou Jacob Jordaens pratiquèrent cet art, et parmi leurs émules, Matthieu et Jérôme Cock, Pierre Boon, Jan de Hollander, Jean Bol, Corneille van Dalen, Michel de Gast, Jean et Paul Vredeman de Vries, peintres de paysages et de perspectives urbaines relevant de l'école d'Anvers. Le genre connut une très grande vogue et fut même industrialisé selon le système du « travail à la chaîne ». Les grands centres en furent Courtrai et surtout Malines, ville qui compta près de 150 ateliers pratiquant la peinture à la détrempe vers les années 1535-1540.