L’affaire Harden-Eulenburg ou affaire Eulenburg désigne le scandale qui secoua le deuxième Reich de 1907 à 1909 à la suite d'une campagne de presse contre l’entourage présumé homosexuel de l’empereur Guillaume II et les procès qui s’ensuivirent. Cette affaire, qui connut un vaste retentissement, est considérée par certains historiens comme un scandale majeur qui ébranla l’Empire allemand. Depuis que l’empereur Guillaume II a renvoyé le chancelier Bismarck (1890), la realpolitik du chancelier de fer a cédé la place à une Weltpolitik expansionniste. Le prince Philipp zu Eulenburg est devenu un personnage éminent aux côtés de l’Empereur après une carrière diplomatique. Le polémiste Maximilian Harden prend Eulenburg pour cible dès 1901 mais sans le citer nommément. Il propage l’idée que l’Allemagne est dirigée par des « invertis malades et dégénérés » qui affaiblissent l’empereur. La conférence d’Algésiras en avril 1906 consacre l’emprise de la France sur le Maroc ; pour l’Allemagne c’est un fiasco de sa politique étrangère. Au même moment, l’empereur décide de conférer au prince Eulenburg l'ordre de l’Aigle noir, la plus haute distinction honorifique prussienne. Harden accentue alors sa campagne de presse dans sa revue Die Zukunft (L'Avenir). Ses propos se feront de plus en plus précis en exerçant un chantage contre Eulenburg : s’il ne se retire pas de lui-même, sa vie privée sera mise sur la place publique. En , une série d’articles ouvre le feu. Dans le premier, intitulé « Praeludium », il s’attaque à la clique autour de l’empereur qu’il appelle la « camarilla » ou la « table de Liebenberg » allusion transparente à Eulenburg, dont le château dans les marches de Brandebourg s’appelle Liebenberg. Dans le deuxième article, « Dies irae », il présente le chancelier Bernhard von Bülow comme un fantoche. Le vrai pouvoir se trouvant selon lui chez le « harpiste » (Eulenburg) et « la douceur » (le comte Kuno von Moltke, gouverneur militaire de Berlin). Seuls les proches du pouvoir peuvent décrypter les surnoms, l’attaque est encore voilée et l’homosexualité sous-entendue.