La bataille de Carrhes (ou Charan) du , près de la ville fortifiée de Carrhes (Harran, dans l'actuelle Turquie), est une victoire décisive des Parthes conduits par le général Suréna sur les légions romaines sous les ordres du général Crassus. Les récits les plus détaillés de la bataille viennent de Plutarque et de Dion Cassius, qui écrivent plusieurs siècles après l’événement, vraisemblablement en puisant dans une ou des sources antérieures. La narration de Tite-Live, presque contemporain de la bataille, n’est connue de nos jours que par un abrégé sommaire. D’autres historiens antiques ne font qu'une mention résumée de la campagne désastreuse : Velleius Paterculus, Eutrope, Julius Obsequens, Lucius Ampelius. Presque tous insistent sur l’inconséquence de Crassus qui ne tint aucun compte des présages défavorables, annonciateurs du désastre, et en font le responsable de cette défaite romaine. Le récit de la campagne et de la bataille a été repris par l'historien du Theodor Mommsen, qui s'est fondé principalement sur la narration de Plutarque. Les guerres de conquête menées par Sylla, Lucullus et Pompée avaient amené la frontière de l'Empire romain sur l'Euphrate ; les généraux romains avaient conclu des traités de paix et d'amitié avec les Parthes, dernière grande puissance indépendante du Moyen-Orient, mais en les traitant de plus en plus comme un royaume vassal ; Pompée avait refusé à leur souverain le titre de roi des rois et mené deux incursions sur leur territoire. Lucullus et Pompée avaient songé à envahir l'empire parthe, considéré comme une puissance de second rang. En 57 , Cicéron, attaché à une politique de paix, s'inquiète à l'idée que Gabinius, nommé proconsul de la province de Syrie et chargé de restaurer Ptolémée XII en Égypte, pourrait en profiter pour mener une expédition contre les Parthes. C'est pendant le Premier triumvirat que Crassus, militairement moins glorieux que ses rivaux Pompée et César, décide de s'illustrer et de se donner une gloire comparable à la leur.