thumb|Couverture de l'édition originale.
Erewhon ou De l'autre côté des montagnes (Erewhon: or, Over the Range) est un roman utopique de Samuel Butler (1835-1902) publié anonymement en 1872.
Erewhon, anagramme presque anacyclique de nowhere, « nulle part » en anglais, est le nom du pays imaginaire où se déroule l'essentiel du roman. Il s'agit d'une satire de la société victorienne, parfois comparée aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.
Les premiers chapitres, traitant de la découverte d'Erewhon, sont inspirés de la vie de l'auteur en Nouvelle-Zélande. Dans sa jeunesse, il y a été berger pendant quatre ans (1860-1864) et y a exploré l'intérieur des terres de l'île du Sud.
Une suite, , est parue en 1901.
D'après Gilles Deleuze et Félix Guattari dans Qu'est ce que la Philosophie (1991) Erewhon ne renvoie pas seulement à No-where, ou « nulle part », mais à Now-here, « ici-maintenant ». Gilles Deleuze évoque déjà cette œuvre avec une remarque similaire dans Différence et Répétition (1968).
En 1868, le narrateur, jeune homme de vingt-deux ans, arrive dans une colonie européenne (il reste délibérément vague sur sa localisation) et est engagé comme berger. La colonie est délimitée par une imposante chaîne de montagnes, dont nul ne sait ce qu'elle cache. Fasciné par cette idée, le narrateur convainc un autochtone, Chowbok, de l'accompagner comme guide dans une tentative de franchir les montagnes. Chowbok, terrifié, tente de le faire changer d'avis, puis finit par l'abandonner au milieu des montagnes. N'ayant d'autre choix, le narrateur s'enfonce dans l'inconnu et trouve une passe qui lui permet d'aboutir de l'autre côté de la chaîne, où il découvre un pays fertile et peuplé : Erewhon.
La société qu'il découvre, selon lui issue des dix tribus perdues d'Israël, est apparemment tout à fait admirable : les Erewhoniens sont d'une grande beauté, tout comme leur pays. Toutefois, plusieurs éléments le laissent perplexe : notamment, les malades sont traités comme des criminels, qui doivent être punis et condamnés, et les criminels comme des malades, à traiter avec bienveillance et commisération.