La Révolte de Dersim est l'un des plus importants soulèvements kurdes de la période qui a suivi la proclamation de la République turque en 1923. Elle se déroule dans la région montagneuse de Dersim, peuplée alors essentiellement de Kurdes alévis, et qui sera ensuite rebaptisée Tunceli. Dirigée par un chef religieux alévi, le cheikh Seyid Riza (1863-1937), elle commence en 1936 et se termine en 1938 par un massacre d'une grande ampleur, dont les chiffres ne sont toujours pas clairement établis. vignette|Seyid Reza et ses fils (1937). La région de Dersim constitue une région de hautes montagnes. Elle est peuplée en grande majorité par des populations kurdes, de dialectes kurmancî et zaza, et de confession alévie. Ces particularités, aussi bien ethniques que géographiques, lui ont assuré une autonomie de fait. Ainsi, ses habitants n'ont jamais fait partie des bataillons des Hamidiés, bien qu'ils aient été représentés par cinq députés à l'Assemblée. Profondément attachés à leur autonomie, mais aussi à leur identité alévie, ils se sont tenus à l'écart des autres révoltes kurdes, dirigées par des chefs de tribus kurdes de confession sunnite, et parfois même par des chefs religieux, comme celle du Cheikh Saïd de Pîran (1925). Les tribus de Dersim ont toutefois soutenu la révolte de Koçgiri. L'État turc, après avoir brisé tous les autres foyers de révoltes kurdes, se méfie de cette région si particulière. Dans le cadre de sa politique de mise au pas des régions kurdes, le gouvernement d'Ankara se prépare, après l'écrasement de la République de l'Ararat, à éliminer cette région restée autonome, qu'elle conçoit comme la dernière poche de résistance kurde. En 1935, il adopte une loi spécifique pour Dersim (Tunceli Kanunu), afin de turquiser la région en l'occupant militairement et en déportant le plus d'habitants possibles vers l'ouest du pays. Il impose le nouveau nom de Tunceli. En 1936, un gouverneur militaire, le général de gendarmerie Alpdoğan, est dépêché dans la région.