L'idée de mal est associée à tous les événements accidentels ou non, aux comportements ou aux états de fait jugés nuisibles, destructeurs ou immoraux, et qui sont sources de souffrances morales ou physiques. Négligée par l'Antiquité qui tient cette idée pour une opinion ou un sentiment dont il faudrait se délivrer, le mal est devenu un problème philosophique avec les doctrines dualistes et l'apparition du monothéisme et du manichéisme, selon Olivier Abel.
Parmi les problèmes que l'existence du mal a suscités de tous temps, deux ont une importance particulière : la question de savoir ce qu'il est, et celle de savoir pourquoi il existe. Poser philosophiquement la question de l'existence du mal revient à se demander si le mal a ou non, un « être ». En effet comme le souligne Étienne Borne ,. Ces deux notions antagoniques sont à la fois « relatives », dépendant du temps et de la culture et « absolues » en ce que dans leur manière de se présenter aux hommes elles relèvent de l'« universel ». C'est ainsi que la plupart des sociétés valorisent l'amitié et l'amour et à l'inverse méprisent le meurtre et la cruauté.
On doit à Gottfried Wilhelm Leibniz dans ses Essais de Théodicée, la distinction entre le mal métaphysique (imperfection nécessaire de la créature), le mal moral (le péché) et le mal physique (souffrance).
Afin de sauvegarder l'harmonie de l'ordre éternel et ne pas offusquer le regard des dieux, l'antiquité classique (c'est le cas d'Aristote), cantonne l'existence du mal dans le monde sublunaire des réalités matérielles et le nie dans les réalités éternelles .
On pense souvent que Dieu représente le bien, que l’homme créature de Dieu est imparfait d’où l’existence du mal.
La question de l'existence du mal dans un monde créé va devenir aiguë pour la cohérence théologique. Pour tous les monothéismes le mal ne peut exister « en soi », car cela reviendrait à faire du Dieu créateur, l'auteur du mal. C'est Spinoza qui dans une lettre à un coreligionnaire expose le plus clairement cette « aporie ».