Epiousion (koinè : Επιούσιον) est un mot grec utilisé dans la quatrième pétition du Notre père, tel que formulée dans l’Évangile selon Matthieu et dans celui de Luc. Le sens de ce mot n'est pas connu de façon sûre. Le mot est parfois désigné sous la forme epiousios. En français epiousion est habituellement traduit par « de ce jour », comme dans « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Epiousion n’a aucune traduction directe ou simple en français (voir ci-dessous super-substantiel) et il y a plusieurs interprétations de sa signification durant l’histoire du christianisme. Epiousion montre combien la traduction d’un mot peut entraîner des différences théologiques importantes. Si la phrase « ton arton hēmōn ton epiousion » (τὸν ἄρτον ἡμῶν τὸν ἐπιούσιον) est traduite par « notre pain quotidien », le sens premier est celui de la survie physique demandée à Dieu, jour après jour. À l’inverse, si on traduit par « notre pain de demain », Jésus dit de prier pour nos nécessités futures plutôt que pour les présentes. Une troisième possibilité est de traduire par « notre pain nécessaire » ou « essentiel ». Ces trois versions désignent le pain ordinaire mangé tous les jours pour sustenter le corps. Une quatrième version « notre pain pour le temps à venir » désigne le pain ou la nourriture spirituelle. D’autres traductions attirent l’attention au-delà du pain ordinaire vers l’eucharistie. Guillaume Durand, évêque de Mende au , définit cinq sortes de pains : spirituel, pour se former ; doctrinal (ou de la science), pour s’instruire ; sacramentel, pour expier ses péchés ; éternel, pour la récompense. Quant à la traduction de epiousion par supersubstantialis, il précise : Saint Mathieu dit : Panem nostrum supersubstantialem, « Notre pain supersubstantiel; » ce qui peut être entendu de deux manières, ou bien d'après ce sens unique : « Donne-nous notre pain supersubstantiel, » c'est-à-dire le Christ, qui est supersubstantiel ou au-dessus de la substance créée, qui est le pain sur l'autel ; ou bien, dans un sens double, comme si l'on disait : « Donne-nous notre pain supersubstantiel, » c'est-à-dire le Christ, qui est la nourriture propre des fidèles, et cela outre le pain, c'est-à-dire outre le pain substantiel, le pain nécessaire à notre alimentation ; comme si nous disions : « Donne-nous tout à la fois le pain de l'âme et le pain du corps.