La rénovation et la réhabilitation de structures existantes est un sujet de plus en plus présent dans la construction moderne. Dans cette logique, la réhabilitation de fermes dont l’activité agricole a cessé présente une opportunité de valoriser un paysage construit existant sans avoir à rajouter de nouvelles structures sur les territoires agricoles. Dans ce genre de projet, le béton armé (BA) est couramment utilisé pour son côté économique et la possibilité de l’intégrer aux besoins architecturaux en termes de physique du bâtiment. Afin d’assurer sa durabilité, les normes actuelles de construction recommandent de placer un enrobage de 20 à 60 [mm] autour des fers d’armatures afin de les protéger contre la corrosion. Cet enrobage en plus des nécessités géométriques liées à la mise en place (vibrage, compactage, etc..) donne souvent des éléments dont l’épaisseur totale dépasse celle réellement nécessaire d’un point de vue statique. Cette méthode de construction massive est souvent critiquée pour son apparence brutale et son fort impact écologique en termes de consommation de CO2 dans la production du ciment. Afin de limiter l’enrobage nécessaire et donc les volumes de béton nécessaires à la construction d’éléments porteurs, l’utilisation d’armatures résistant à la corrosion peut être adoptée pour des éléments ne devant pas résister au feu. Ces armatures peuvent être des barres ([1]-[3]) ou des treillis textiles ([4]-[6]). Ces derniers sont composés de brins continus assemblés ensemble pouvant être pris dans un ciment à haute performance afin de créer un béton textile (BT). Ce matériau est coulé pour former des éléments fins allant de 10 à 50 [mm] d’épaisseur. L’orientation du textile ainsi que le nombre de couches peut être adapté afin de suivre les charges devant être reprises par l’élément porteur. Un second avantage du BT provient de la faible demande en clinker nécessaire dans le béton puisque l’armature n’a pas besoin d’être passivée. Ceci réduit directement l’empreinte écologique associée aux émissions de CO2 lors de la production du ciment en comparaison au béton armé traditionnel ([7]-[8]). Finalement, les faibles épaisseurs de béton donnent des éléments légers pouvant être facilement transportés avec des moyens de levage très économiques. Ceci ouvre la possibilité de rénover dans une logique d’auto-construction, ce qui est bien moins couteux que de faire appel à une entreprise spécialisée. Le béton textile étant relativement nouveau dans le monde de la construction, ses applications restent encore à déterminer autant d’un point de vue technique qu’architectural. À ce jour, plusieurs applications du BT ont été réalisées. Notamment : Un pavillon en BT sur le campus de l’université RWTH à Aache (Allemagne) ([9]-[10]), une passerelle piétonne à Kempten (Allemagne) [11] et un prototype de pavillon à Fribourg (Suisse) [12]. Ce projet vient s’ajouter à la liste des applications du béton textile dans un projet de rénovation et réhabilitation d’une ferme existante. L’activité rurale de l’ouvrage actuel ayant cessé, cette rénovation s’inscrit dans le logique de valorisation du paysage construit. L’objectif est de concevoir un projet raisonnable de réhabilitation en utilisant ce matériau dans une logique d’auto-construction tout en proposant des méthodes de calcul, de construction et de mise en place des textiles dans les éléments. L’utilisation du béton textile dans le projet est ensuite discutée en considérant la participation des textiles dans la reprise des charges, son impact écologique et économique par rapport à une solution en béton armé traditionnel et son rapport à des méthodes d’auto-construction. Finalement, une brève réflexion sur l’intégration architecturale du béton textile à l’intérieur du bâtiment est proposée.