Les migrant·es en situation précaire sont souvent hébergé·es dans un premier temps par des proches ou des connaissances. Cette situation les amène à faire l’expérience de l’intimité d’autrui, qui peut apparaître comme un fardeau et une source d’inquiétudes, qu’elles et ils cherchent à alléger, à esquiver, voire à fuir. Ces inquiétudes des accueilli·es sont toutefois restées dans l’ombre de travaux sociologiques qui s’intéressaient plutôt aux préoccupations des accueillant·es. Cet article choisit de les aborder pour le cas de personnes migrantes nouvellement arrivées et hébergées par des proches ou des connaissances à Bruxelles, Genève et Rotterdam. Il montre que la personne migrante n’est pas seulement en prise avec sa propre intimité, mais qu’elle doit aussi faire avec l’intimité d’autrui, celle de son hôte, dont elle porte désormais le souci et qu’elle se doit de ménager afin de ne pas commettre d’impairs quant à la « grammaire de l’hospitalité ».