Publication

Néo-nomades, travellers et autres habitants non ordinaires, mobiles et invisibles

Abstract

Depuis l’automne 2012, le collectif noLand mène un projet interdisciplinaire nommé « noLand’s man : enquête sur les pratiques et les valeurs d’un peuple invisible, sur les modes de vie des « néo-nomades ». Sous la direction scientifique du sociologue Yves Pedrazzini (LaSUR, EPFL, Suisse), ce projet associe pour une durée de deux ans le photographe Ferjeux van der Stigghel, l’architecte indépendante Sophie Greiller et l’anthropologue Maude Reitz (LaSUR, EPFL, Suisse). Il explore les mondes de ces itinérants, afin de découvrir leurs fondements politiques et culturels, les circonstances qui les ont menés à prendre les routes, à se réapproprier les arts de construire un habitat mobile et des campements furtifs. Le collectif noLand fait l’hypothèse que ces nomades, ayant rompu avec la sédentarité contemporaine pour des causes variées, mettent en lumière des modes de vivre et d’habiter qui reflètent des mutations traversant notre société. Alors que leurs modes de vie sont généralement pointés du doigt, stigmatisés sous prétexte qu’ils transgressent les règles de salubrité, de sécurité, d’ordre public et de l’esthétique, noLand souhaite rendre visibles les dimensions créatives et critiques de ces modes de vie et d’organisation sociale s’exprimant tout à la fois dans des formes d’habitat et d’habiter flexibles et évolutives, des activités professionnelles, des économies informelles, des compétences et des savoir-faire partagés, des pratiques territoriales et de mobilité. Par leurs désirs d’exil et leur refus d’un certain monde, leurs souhaits de faire trace en lisière de forêt et sur les bords de route, leurs prises d’espaces et de paroles aux marges de la cité, dans leurs jeux avec et sur les frontières, ces nomades aux habitats non ordinaires matérialisent dans leurs trajectoires la possibilité pour chacun de suivre son chemin, de se trouver un espace, de déterminer pour lui-même un lieu et un mode de vie. Souvent inscrites dans une volonté d’autonomie et de sortie du système marchand, leurs pratiques impliquent la mise en place d’une entraide et le partage d’expériences, de compétences et de connaissances prenant forme dans de vastes réseaux sociaux, économiques et professionnels. Investissant les espaces interstitiels de notre paysage contemporain, elles contribuent à la fabrique de territoires mouvants et inédits. Ainsi, les pratiques nomades travellers interrogent les lois, les règles, les politiques, les imaginaires et les manières de faire et de vivre le monde et portent en germe des réponses, à la fois techniques et sociales, aux problèmes contemporains. Ce projet est financé par l’Institut de recherche Forum Vies Mobiles, forum transdisciplinaire pour préparer la transition mobilitaire.

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