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Au-delà des profondes mutations spatiales et des importantes transformations sociétales qu’a connues le pays depuis la révolution industrielle, une identité spécifique – qui repose sur la présence de diverses composantes urbaines réparties sur un territoire au fonctionnement non centralisé – caractérise le Plateau suisse. Une observation fine de ce dernier met en évidence un étalement urbain profondément marqué. Ce phénomène s’est particulièrement accéléré à partir des années 1960, sous les impulsions convergentes d’une forte croissance démographique, d’un essor généralisé de l’automobile et d’une ségrégation spatiale des fonctions, encourageant une large diffusion de constructions à faible densité. Cet étalement urbain induit un mitage du paysage par la dispersion de bâtiments et d’infrastructures dans des espaces préalablement naturels ou ruraux. Les caractéristiques propres à ce phénomène sont largement théorisées depuis plusieurs décennies. Si diverses approches présentent certaines différences au niveau conceptuel, elles témoignent d’une indéniable prise de conscience de l’importance et de l’identité propre des périphéries urbaines. Par leur force analytique et leur portée théorique à grande échelle, elles encouragent également les acteurs de l’environnement construit à reconnaitre la complexité des imbrications – spatiales, paysagères, symboliques ou fonction-nelles – qui lient les différentes composantes territoriales. Par la reconnaissance de l’ampleur et de la diversité de la « condition urbaine » dans les périphéries, il s’agit en particulier d’aller au-delà de l’opposition apparente entre les villes et les campagnes pour mieux esquisser leurs potentielles évolutions. Dans ce contexte, il apparaît crucial pour l’architecte de ne pas limiter son attention aux parties les plus centrales des agglomérations, mais à l’inverse de se réapproprier l’ensemble des territoires pour mieux en comprendre les spécificités. C’est en analysant les caractéristiques des périphéries urbaines avec une réelle attention et en reconnaissant la richesse de leur variétés, irrégularités et enchevêtrements qu’il devient possible d’y repérer des identités singulières et de faire émerger des qualités susceptibles d’être réinterprétées et mieux valorisées par des démarches de projet.