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« Ils finiraient presque par l’aimer », titrait la presse dominicale suisse romande en juillet 2020. Lui, c’est le Stade olympique de la Pontaise à Lausanne, inauguré à l’occasion de la Coupe du monde de football de 1954, et voué à la démolition depuis de nombreuses années déjà, pour laisser place à un projet d’« éco-quartier » porté par la municipalité. Eux, c’est une citoyenneté lausannoise qui (re)découvre cet objet emblématique au moment de la décision de sa disparition, et s’intéresse enfin à son histoire et son architecture « spectaculaire », pensée pour impressionner les juges du CIO lors de la candidature pour les Jeux olympiques de 1960. En 2008, une étude scientifique avait établi l’incontestable valeur patrimoniale du stade – architecturale, technique, sociale –, valeur exceptionnelle confirmée depuis par une commission de spécialistes créée ad hoc. Aujourd’hui, dix ans plus tard, le débat est vif, caricatural par moment, opposant (encore et toujours) « nostalgiques » et « progressistes ». La mémoire collective est ici mise à l’épreuve d’une valeur d’usage contestée. « Ouvrage d’exception » qui mérite d’être sauvegardé, ou bâtiment obsolète qui entrave le développement de la « ville durable » ? À l’heure où le stade d’Helsinki (1936) est soigneusement restauré dans les règles de l’art du patrimoine monumental, et, à l’opposé, la menace pèse sur une icône de l’art de l’ingénieur, le stade de Florence de Pier Luigi Nervi (1932), l’histoire récente du Stade olympique de Lausanne incarne le questionnement engagé à l’échelle européenne autour de la préservation des grandes infrastructures urbaines du XXe siècle.