La fuite de bacille du charbon de Sverdlovsk est un incident au cours duquel des spores de charbon avaient été relâchées par accident du "Sverdlovsk-19a military research facility", à la périphérie sud de la ville de Sverdlovsk (anciennement et de nouveau Ekaterinbourg), le 2 avril 1979. Cet accident est parfois appelé l'« équivalent biologique de Tchernobyl ». L'épidémie de maladie qui s'ensuivit provoqua environ 100 décès, bien que le nombre exact de victimes reste inconnu. L'Union soviétique a nié pendant des années la cause de l'épidémie, imputant ces décès à une exposition intestinale due à la consommation de viande contaminée dans la région et à une exposition sous-cutanée à une boucherie manipulant la viande contaminée. Tous les dossiers médicaux des victimes ont été effacés afin d'éviter toute révélation d'infractions graves à la Convention sur les armes biologiques. La ville fermée de Sverdlovsk était un centre de production majeur du complexe militaro-industriel soviétique depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle produisait des chars, des armes nucléaires et d’autres armes. Un accident nucléaire majeur s'est produit dans cette région en 1957, lors de l'explosion d'une installation de stockage de déchets nucléaires (appelée catastrophe de Kyshtym), qui a entraîné la propagation de poussières radioactives sur plus de mille kilomètres carrés. L’installation d’armes biologiques de Sverdlovsk a été construite après la Seconde Guerre mondiale, à l’aide de la documentation capturée en Mandchourie dans le cadre du programme de guerre germinale japonais. La souche de maladie du charbon produite dans le complexe militaire 19 près de Sverdlovsk était la plus puissante de l’arsenal soviétique ("Anthrax 836"). Elle avait été isolée à la suite d'un autre accident provoqué par une fuite de bacille du charbon, survenue en 1953 dans la ville de Kirov. La fuite d'une installation bactériologique a contaminé le système d'égout de la ville. En 1956, le biologiste Vladimir Sizov a découvert une souche plus virulente chez des rongeurs capturés dans cette zone.
Françoise Gisou van der Goot Grunberg
Françoise Gisou van der Goot Grunberg, Oksana Andrei Sergeeva