Dans une perspective ethnographique, l’auteure se fait guide et explore trois lieux dédiés à la catastrophe en Ukraine : le Musée Tchernobyl de Kiev, la « Zone interdite » autour de la centrale nucléaire et un site Internet à la mémoire de Pripyat, ville entièrement évacuée le 27 avril 1986. De par sa singularité, Tchernobyl interroge les questions du rapport au temps et à l’espace. Comment représenter un événement invisible, inodore, insipide et aux effets continus et durables ? Prenant Tchernobyl à la fois comme analyseur et révélateur, cette étude propose une réflexion en miroir sur la catastrophe en tant que construction discursive et sur les processus de construction du rapport à la mémoire. Au fil de la visite de ces lieux se dessine en creux une description tant de l’acte muséographique que de l’expérience même de toute mémoire. Hors du regard et hors du visible, la mémoire se renégocie, se modifie avec le temps mais, toujours, se conjugue au présent.