Are you an EPFL student looking for a semester project?
Work with us on data science and visualisation projects, and deploy your project as an app on top of Graph Search.
La construction de l’Union Européenne (UE) a contribué au processus de « défonctionnalisation des frontières » (Raffestin, 1976) à l’intérieur de l’espace Schengen. Cette dévaluation (Foucher, 1991) correspond au « Debordering » des frontières (Lotard, Brock, 1996). Si les contrôles aux frontières disparaissent et facilitent la mobilité spatiale des populations, des différentiels importants subsistent au niveau socioéconomique (Grasland et Hamez, 2005) à l’exemple des disparités entre le Luxembourg et les pays voisins. Dans cet espace transnational au coeur de l’UE (France, Belgique, Allemagne et Grand-Duché de Luxembourg) organisé autour du pôle économique luxembourgeois, l’importance des flux domicile-travail transfrontaliers -soit plus de 160 000 travailleurs (STATEC, 2014)- semble effectivement témoigner d’une intégration fonctionnelle (Sohn, Walther, 2009) et de la disparition de la frontière. Pourtant, les recherches menées (Drevon et al, 2013) sur les comportements de mobilité quotidienne des frontaliers à partir de l’exploitation des bases de données de l’Enquête Mobilité des Frontaliers (EMF CABAC, FNR, CNRS, 2010) et de méthodes et techniques d’analyse spatiale (Gwiazdzinski in Cauvin et al, 2008) montrent la persistance d’un « effet barrière » dans le choix des lieux et des activités hors temps de travail et temps de résidence. Ces premiers résultats sur la Grande Région remettent partiellement en cause l’hypothèse d’un « espace métropolitain transfrontalier intégré » mais valident le concept d’« Unfamilarity » (Spierings, Van der Velde, 2008). Par contre d’autres mécanismes de séparation des populations, de spécialisation des espaces et de recompositions territoriales sont à l’oeuvre. Dans un processus paradoxal (Barel, 1989) de disparition-émergence, intégration-séparation, les nouvelles limites et frontières mises en évidence par la recherche complexifient la lecture du territoire mais valident la nécessité d’une analyse infra-territoriale complétée par une analyse fine des pratiques et des usages. Les investigations se poursuivent dans ce sens à partir d’un protocole qualitatif, basé notamment sur des suivis GPS, des méthodes de réactivation du discours et des entretiens embarqués.