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La crise sanitaire du printemps va-t-elle avoir des effets durables sur la mobilité en Europe ? C’est à cette question que nous tentons de répondre par notre étude auprès de 14'886 personnes, vivant en Suisse, France, Belgique, Allemagne, Autriche, Luxembourg et Espagne. L’enquête a été effectuée du 3 avril au 5 mai 2020. La peur de la contamination, si elle est présente, ne semble pas avoir modifié profondément les images que les personnes ont des différents modes. Nous ne croyons pas qu’elle va ainsi générer un affaiblissement du recours aux transports publics. Ce que nous voyons par contre est une aspiration forte à réduire sa mobilité liée au travail mais aussi à viser des déplacements de meilleure qualité. Dans les pays où l’image des transports publics était déjà dégradée avant la crise, les usagers souhaitent changer de mode. Il est donc nécessaire que les collectivités publiques investissent massivement dans les infrastructures de transports publics, au risque sinon, de voir effectivement leur usage baisser au profit d’autres modes et notamment de la voiture. En regardant en détail les évolutions des pratiques pendant la phase la plus aigue de la crise sanitaire, il est possible de tirer les enseignements suivants. • Les mobilités liées au travail se sont en partie évaporées, voiture et marche ont tirés leur épingle du jeu La crise a eu pour effet majeur de faire disparaitre plus de la moitié des déplacements réalisés pour le travail. Ceux qui restaient ont fortement privilégié la voiture et la marche pour se rendre sur leur lieu d’emploi et délaissé les transports publics et le vélo. Au niveau des moyennes nationales, le recours au vélo baisse presque partout pour les déplacements pendulaires, avec des exceptions dans les métropoles. • Le recours au vélo a augmenté là où les infrastructures cyclables étaient les plus développées Nous avons comparé les pratiques des personnes de notre enquête vivant dans trois espaces métropolitains français, la Métropole européenne de Lille, la Métropole de Lyon et l’Eurométropole de Strasbourg. Or, il ressort que l’évolution du recours au vélo pour le motif de déplacement lié au travail est très différente selon les métropoles. Nous voyons que plus l’environnement urbain est favorable au vélo, plus celui-ci a augmenté en part modale pendant la crise. • C’est la voiture qui a récupéré ceux qui n’osaient plus prendre les TP, sauf au cœur des villes où la marche s’est imposée Parmi les actifs qui ont continué à aller travailler, le recours à la voiture et à la marche a augmenté partout. Le vélo et les transports publics ont, en moyenne nationale, baissé presque partout. Il est pertinent de se demander où sont passés ceux qui utilisaient les transports publics avant la crise et qui ont continué d’aller travailler sur leur lieu de travail habituel. En Autriche, en Suisse, en Espagne, et en Allemagne, une majorité des usagers des TP qui ont continué à aller travailler sont restés dans les TP. A l’inverse, la Belgique, mais surtout la France et le Luxembourg ont connu un abandon très important des transports publics. 2 usagers des TP sur 3 ont changé de mode en France. En milieu urbain le plus dense, c’est la marche qui l’emporte sur la voiture pour récupérer ceux qui ne prennent plus les TP. • Pour l’avenir, une aspiration à moins de déplacement… En considérant l’ensemble de 7 pays, 1 personne sur 2 aimerait limiter ses déplacements pour le motif travail à l’avenir Ce désir de moins se déplacer est particulièrement élevé en Espagne et au Luxembourg, puisqu’il est partagé par environ 54% des enquêtés de ces deux pays. • …et ceux qui ont une mauvaise image du mode qu’ils utilisent aimeraient surtout en changer Environ 1 Européens sur 5 aimerait revoir la manière dont il se déplace. Derrière ce chiffre, il y a en fait des différences nationales très fortes. Les Espagnols et les Français sont ceux qui réfléchissent le plus à changer de mode. En moyenne européenne, ce sont les utilisateurs quotidiens des transports publics qui rêvent le plus de changer leur manière de se déplacer (34%) et moins les utilisateurs quotidiens de la voiture (19%). Plus l’image générale des transports publics est mauvaise, plus on veut en changer.