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Au cours des 50 dernières années, les développements technologiques dans le domaine des transports et des télécommunications ont contribué à reconfigurer les comportements spatio-temporels (Kaufmann, 2008). Les individus bénéficient ainsi d’un large univers de choix en matière de modes de transport et de lieux accessibles pour réaliser leurs activités. Cette configuration influence en particulier les comportements de mobilité quotidienne qui tendent à se complexifier tant dans leur dimension spatiale que temporelle impliquant ainsi l’émergence de rythmes quotidiens intenses et complexes (Drevon, Gwiazdzinski, & Klein, 2017; Gutiérrez & García-Palomares, 2007). Des recherches récentes menées sur la Suisse (Drevon, Gumy, & Kaufmann, 2020) suggèrent que les rythmes quotidiens sont marqués par une importante diversité en matière de configuration spatio-temporelle et de densité d’activités (Drevon, Gumy, Kaufmann, & Hausser, 2019). La part des rythmes quotidiens qui correspond à la figure du métro-boulot-dodo est finalement relativement modeste. Cette diversité de rythmes quotidiens se déploie entre d’un côté des comportements très complexes et d’autres peu complexes qui se matérialisent à différentes échelles spatiales. Force est de constater que les outils d’analyse actuels en sciences sociales et en socio-économie des transports peinent encore à rendre compte des formes complexes de rythmes quotidiens au niveau individuel et territorial. Face à cet enjeu épistémologique et méthodologique, la communication propose une approche innovante et interdisciplinaire qui associe la Sociologie, la Géographie et les Sciences computationnelle. Il s’agit concrètement de proposer un outil de géo-visualisation des rythmes quotidiens au échelles individuelles et territoriales à partir des comportements spatio-temporels des habitants de la Suisse. L’objectif de cette démarche est de mettre en perspective les différentiels d’intensité en matière d’activité entre les situations sociales et les territoires. Les analyses s’appuient sur l’enquête Microrecensement Mobilité et Transports (MRMT) réalisée tous les 5 ans à l’échelle nationale par l’Office fédéral de la statistique et l’Office fédéral du développement territorial réalisé en 2015. Cette enquête est composée d’un échantillon 57 090 personnes qui ont été interrogées sur l’ensemble de leurs déplacements effectués la veille du jour d’enquête (protocole d’enquête CATI). La visualisation est réalisée à partir du dispositif Time-Machine (Kaplan, 2013; di Lenardo & Kaplan, 2015) qui permet de modéliser un environnement virtuel en 4D (Figure 1 : https://youtu.be/41-klvXLCqM) et de simuler le déploiement des activités et des déplacements quotidiens. Les premières simulations révèlent des régimes rythmiques contrastés à l’échelle individuelle qui se différencient selon les allures, la fréquence d’actions, l’échelle spatiale et la position sociale. Au niveau territoriales les visualisations laissent apparaitre des différentiels importants dans l’intensité d’usage du territoire par les individus et des spécificités spatiales constitutives des activités qui y sont réalisées. Ces premières visualisations permettent d’abord de révéler des inégalités sociales (genre, classe) face aux injonctions à l’activité (Viry, Ravalet, & Kaufmann, 2015; Drevon, 2019; Drevon & Kaufmann, 2020). Elle permettent aussi de rediscuter des modalités de catégorisation des territoires (Rérat, 2008; Schuler et al., 2007) à partir d’une approche dynamique qui témoigne de la réalité des activités temporaires remettant par ailleurs en perspective les principes de l’écologie urbaine factorielle (Pruvot & Weber-Klein, 1984) et en renforçant également l’intérêt de l’économie présentielle (Lejoux, 2009).
Paul Joseph Dyson, Rosario Scopelliti, Laure Debora Pittet, Tina Riedel, Agnese Petrini
Adrien Jules Louis Madron Du Vigné