L'opéraïsme (dit parfois « ouvriérisme ») est un courant marxiste italien dissident, apparu en 1961 autour de la revue Quaderni Rossi fondée en 1961 par le socialiste dissident Raniero Panzieri. Le terme s'est formé à partir du mot italien operaio (ouvrier).
Les principaux théoriciens de ce courant sont Mario Tronti, Alberto Asor Rosa, Romano Alquati et Toni Negri, qui fondent ensemble en 1964 la revue Classe Operaia (« Classe ouvrière »).
Les principales organisations à se réclamer de l'opéraïsme sont Potere Operaio, Lotta Continua, Avanguardia Operaia et Autonomia Operaia.
Ce mouvement politique et intellectuel est lié aux particularités du contexte italien dans les années 1960. Au cours des années 1960, dans les usines des grandes villes industrielles du Nord, un décalage s'opère peu à peu entre les revendications de certains ouvriers et la pratique des syndicats. Ce décalage aboutit, dans plusieurs usines, à une rupture, surtout à partir de 1968, et à l'émergence de collectifs autonomes, comme les Comités Unitaires de Base (CUB). Les conflits sociaux se radicalisent encore et sont marqués, par exemple, aux événements de l’« automne chaud » de 1969, qui voit se dérouler de nombreuses grèves ouvrières « sauvages », c'est-à-dire hors du contrôle des partis et des syndicats.
Des intellectuels tentent à cette époque de renouveler la pensée marxiste pour réfléchir sur les luttes ouvrières. L’opéraïsme se forge d’abord autour d’une revue : les Quaderni Rossi ("Cahiers rouges"). La revue rassemble essentiellement des intellectuels. Certains sont membres du PCI, d’autres comme Toni Negri sont membres de l’aile gauche du Parti Socialiste Italien (PSI).
L'opéraïsme se développe d'abord à partir d'une méthode : l'« enquête ouvrière » (la « sociologie militante ») conduite aux portes des usines au tout début des années 1960. À partir de là, les jeunes intellectuels regroupés autour des revues Quaderni Rossi et Classe Operaia, essaient d'opérer une critique du socialisme et de repérer une nouvelle figure, l'« ouvrier-masse », fort éloignée du mouvement syndical traditionnel, enclin à la révolte et, plus tard, au rejet de la valeur travail.