Les Hyksôs (en démotique heka khasout, littéralement « chefs des pays étrangers », en grec ancien : ) formaient autrefois un groupe pluriethnique vivant dans l'Asie de l'Ouest. Selon l'historiographie officielle du Nouvel Empire, relayée ensuite par Manéthon, ces étrangers — comme semble l'indiquer leur nom égyptien — arrivèrent à l'est du delta du Nil au cours de la Deuxième Période intermédiaire. Toujours selon cette version officielle, ils chassèrent les dirigeants de la , qui siégeaient à Avaris, et fondèrent les et s d'Égypte entre le et le avant notre ère selon les chronologies envisagées, régnant sur la Basse et la Moyenne-Égypte durant plus d'un siècle.
Cette version des faits est aujourd'hui largement remise en cause. Il semble qu'à l'époque dite « hyksôs », Avaris fut la capitale d'un royaume égyptien marchand très prospère, grâce au commerce avec le Levant, mais aussi avec le royaume nubien de Kerma, par l'intermédiaire des routes caravanières du désert occidental. La présence de nombreux marchands levantins à Avaris provoqua un métissage culturel révélé par les fouilles archéologiques du site de Tell el-Dab'a, menées par Manfred Bietak. La réputation d'envahisseurs étrangers hyksôs fut donnée au royaume d'Avaris par les rois thébains de la , qui justifièrent ainsi la destruction de la ville et son pillage par des motifs de libération nationale. Cette dialectique nationaliste n'était pas nouvelle. Depuis le début de la monarchie pharaonique, l'ennemi était systématiquement assimilé à un Asiatique (ou à un Nubien, selon les circonstances), comme le montrent les représentations du pharaon en train de fracasser le crâne d'une grappe d'ennemis aux caractéristiques ethniques levantines facilement reconnaissables, et ceci, depuis la fin du . La palette de Narmer en est l'exemple le plus fameux.
Traditionnellement, seuls six dirigeants de la sont appelés « Hyksôs ». Les noms hyksôs sont très proches des noms cananéens, confirmant un lien avec le Levant antique.