L'époque de l’Empfindsamkeit ( « sentimentalisme » en allemand) s'étend en littérature de 1740 à 1780, en musique de 1740 aux années 1760. Il s'agit d'un courant apparu dans le sillage du piétisme en réaction à l'oppression rationnelle des sentiments exercés par les Lumières. Son origine est en partie religieuse. Les textes des oratorios de Jean-Sébastien Bach (par exemple les livrets de ses passions) en sont des exemples représentatifs. L'Empfindsamkeit est aussi qualifiée de « piétisme sécularisé », car elle en reprend souvent les thèmes, tout en se détachant de ses origines ecclésiastiques et religieuses. L'abbé Jean-Baptiste Dubos en fut un important théoricien. En 1768, le musicien et éditeur Johann Joachim Christoph Bode traduit en allemand le roman de Laurence Sterne Voyage sentimental à travers la France et l'Italie. Dans son titre Yoricks empfindsame Reise (qui peut être traduit par « Le voyage sensible de Yorick »), Bode utilise le néologisme « empfindsam », construit à partir du verbe allemand empfinden qui signifie « ressentir ». Gotthold Ephraim Lessing découvre plus tard cet adjectif, et en tire le substantif Empfindsamkeit. Celui-ci finit par désigner toute une période littéraire. L'époque dite de l'Empfindsamkeit est contemporaine de la fin du rationalisme français après la mort de Louis XIV en 1715. Elle s'oppose à une manière de vivre qui serait dictée seulement par la raison. L'influence des Lumières en Allemagne ne commença qu'à partir de l'époque où des tendances à la critique sociale et à l'émancipation se faisaient sentir en France. Pour cette raison, l'Empfindsamkeit est contemporaine de l'époque rococo. Linguistiquement, l’Empfindsamkeit trouve son expression à travers sa tournure et le néologisme qui intensifie l'expression des sentiments. L'époque est fortement influencée dans l'expression des sentiments pour la nature par les œuvres de Rousseau (1712-1778). Le roman épistolaire sentimental Pamela (1740) de Samuel Richardson a eu une grosse influence littéraire.