La fête du sillon sacré (Chrat Preah Nongkal, ច្រត់ព្រះនង្គ័ល) en Khmer, le nom complet étant ព្រះរាជពិធីបុណ្យច្រត់ព្រះនង្គ័ល (Preah Reach Pithi Chrot Preah Neangkol) et la fête des eaux (Om Touk) sont des fêtes cambodgiennes pendant lesquelles les habitants se livrent à des rituels traditionnels permettant de donner des prophéties sur l'avenir, le temps, les épidémies et les récoltes. Ces prédictions, portant sur l'année suivante, sont prises au sérieux par la population cambodgienne qui se protège ainsi des calamités et s’assure de bonnes récoltes. Cette méthode ancestrale perdure malgré les moyens scientifiques disponibles pour déterminer le temps et les récoltes. Dans les différentes versions du Ramayana, Sītā, l’héroïne, jaillit bébé de la terre retournée quand Janaka, le roi de Videha, laboure le champ lors de la cérémonie royale. Il s'agit de la plus ancienne évocation historique de ce rituel agricole. La fête se déroule à Phnom Penh sur l’esplanade Veal Preahmein, en face de l’enceinte nord du palais royal. Deux bœufs sacrés sont attelés à une charrue en bois et le roi, ou un de ses représentants, trace les trois sillons d’une rivière sacrée dans laquelle les brahmanes du palais (bakous) plantent des graines de riz. Autrefois, une rizière existait sur cette esplanade. Le choix des bœufs découle d’une sélection très rigoureuse. Il faut que la queue soit longue et large en son extrémité, que les testicules aient la même taille et soient bien pendants alors que les oreilles doivent être de taille moyenne ; enfin, les cornes sont hautes et légèrement penchées vers l’avant. À la fin du labour, les bœufs sont délestés de leurs harnais et dirigés vers sept plateaux d’or contenant du riz, du maïs, des graines de sésame, des haricots verts, de l’herbe fraichement coupée, de l’eau et de l’alcool de riz. En fonction de ce qu’ils choisissent de manger ou de boire, des devins prédisent une série d’évènements tels que les épizooties, les bonnes récoltes ou les intempéries. Par exemple, si les bœufs choisissent l’herbe, des épidémies sont à craindre.