vignette|Armoiries de la famille Máriássy (d'après une chronique du XVe siècle) représentant un soldat de l'Armée noire, en armure complète avec une masse d'armes. L'Armée noire (en hongrois : Fekete sereg) est le nom donné aux diverses forces militaires polyglottes servant sous le roi Matthias de Hongrie. L'ancêtre et le noyau de cette armée de mercenaires apparaît avec son père, le régent Jean Hunyadi, au début des années 1440. L'idée d'entretenir une armée permanente de mercenaires serait venue au prince Matthias en lisant la vie de Jules César. L'Armée noire a joué un rôle décisif dans de nombreuses batailles et a permis, notamment, d'infliger de lourdes défaites à l'armée ottomane en 1463 et 1476. Elle est officiellement dissoute en 1514 par le roi Ladislas Jagellon II. Les historiens hongrois limitent traditionnellement l'action de l'Armée noire de Hongrie aux années 1458 à 1494. À l'époque, les mercenaires des autres pays étaient recrutés parmi la population en temps de guerre : ils travaillaient le reste de l'année comme boulangers, fermiers, briquetiers, etc. Au contraire, les soldats de l'Armée noire étaient des hommes de guerre professionnels, employés à plein temps et rondement payés. C'est cette armée professionnelle qui parvint à conquérir une grande partie de l'Autriche (y compris sa capitale, Vienne, en 1485) et plus de la moitié du Royaume de Bohême (Moravie, Silésie et les deux Lusace), avant de remporter sa victoire la plus éclatante contre les Ottomans à la Bataille de Champ de Pain en 1479. Matthias avait compris l'importance et même le rôle-clef que pouvaient jouer les armes à feu dans l'infanterie, et cette idée contribua grandement à ses victoires. Un fantassin sur quatre était armé d'une arquebuse, ce qui représente une proportion anormalement élevée pour l'époque, étant donné le prix de la poudre noire : même une décennie après la dissolution de l'Armée noire, au tournant du XVIe siècle, environ 10% des soldats d'Europe occidentale se servaient d'armes à feu.