vignette|Clara Zektin, La question de la travailleuse et de la femme aujourd'hui, 1889.
Le féminisme socialiste est un mouvement politique et militant inspiré à la fois du féminisme et du marxisme et visant à l'émancipation des femmes à la fois du patriarcat et du capitalisme. Le féminisme socialiste naît en même temps que la Deuxième Internationale socialiste, vers la fin du , et se structure autour de l'Internationale socialiste des femmes en . Très intimement lié au mouvement socialiste, il est alors en opposition avec le reste du féminisme, qualifié de "bourgeois", au point de refuser parfois l'étiquette même de "féminisme".
Après la Première Guerre mondiale et la fracture entre socialistes et communistes, les grandes figures du féminisme socialiste, pour la plupart marquées à gauche, rejoignent les communistes. Le terme "féminisme socialiste" connaît alors, comme le terme socialisme lui-même, un glissement sémantique.
L'histoire du féminisme socialiste est intimement liée à l'histoire du marxisme et du mouvement socialiste. L'ouvrage La Femme et le socialisme (), écrit en prison par August Bebel, président du SPD allemand, fait de la condition féminine une partie intégrante de la question sociale. Le SPD est alors le plus fort et le plus organisé des partis de l'Internationale, et son ouvrage aura un retentissement important, en Allemagne et à l'étranger.
Lors du congrès fondateur de la Internationale, en à Paris, la journaliste et militante allemande Clara Zetkin, alors en exil en France, fait l'un de ses premiers discours publics. Elle avait auparavant fait adopter au Congrès de Gotha, en 1896, par le SPD une résolution sur la question des femmes. Alors qu'il était attendu d'elle un rapport sur la situation des travailleuses en Allemagne, elle déclare devant ses camarades qu'elle ne l'effectuerait point, la situation des travailleuses étant "identique à celle des travailleurs", mais qu'elle parlerait plutôt du principe même du travail des femmes, que certains souhaitent abolir ou limiter.