Lanarcha-féminisme (aussi nommé anarcho-féminisme) ou féminisme libertaire, qui combine féminisme et anarchisme de gauche, considère la domination des hommes sur les femmes comme l'une des premières manifestations de la hiérarchie dans nos sociétés. Le combat contre le patriarcat est donc pour les anarcha-féministes partie intégrante de la lutte des classes et de la lutte contre l'État, comme l'a formulé Susan Brown : .
L'anarcha-féminisme peut apparaître sous forme individuelle, comme aux États-Unis, alors qu'en Europe il est plus souvent pratiqué sous forme collective.
Éditée en Argentine de 1896 à 1897 (neuf numéros), La Voz de la Mujer (La Voix de la Femme) est la première publication anarcha-féministe au monde. En épigraphe : (soit « Ni dieu, ni patron, ni mari »). La figure de proue en est Virginia Bolten, féministe révolutionnaire et communiste libertaire. Ce n’est pas le premier journal féminin en Amérique latine, mais c'est le premier journal féministe et révolutionnaire au sein de la classe ouvrière.
L'anarcha-féminisme s'inspire d'écrivaines de la fin du telles Emma Goldman, Lucy Parsons et Voltairine de Cleyre.
L'idéologie est pour la première fois mise en pratique, en 1936-1939, lors de la révolution sociale espagnole, par l'organisation féminine libertaire Mujeres Libres (Femmes Libres) et la publication d'une revue du même nom en Espagne de 1936 à 1938.
Les anarcho-féministes critiquent certains théoriciens anarchistes traditionnels, comme Pierre-Joseph Proudhon ou Mikhaïl Bakounine, pour avoir minoré le problème du patriarcat, présenté comme une simple conséquence du capitalisme, ou pour l'avoir soutenu. Proudhon, par exemple, considérait la famille comme une société sous sa forme première, où les femmes avaient la responsabilité de remplir leur rôle traditionnel (voir Proudhon et les femmes). Daniel Guérin (communiste libertaire et fondateur, avec entre autres Christine Delphy et Françoise d'Eaubonne, du Front homosexuel d'action révolutionnaire) en livre une critique acerbe dans son texte Proudhon, un refoulé sexuel.