« Prosopographie » signifie étymologiquement « description d'une personne » (du grec πρόσωπον : « personnage (de théâtre) »), plus généralement un article ou un ouvrage dans lequel les personnalités qui composent un milieu social sont inventoriées et classées, avec des notices individuelles construites sur le même modèle, afin d'en mettre en évidence les aspects communs. Pour les historiens, la prosopographie a longtemps été une science auxiliaire de l'histoire dont l'objectif était d'étudier les biographies des membres d'une catégorie spécifique de la société, le plus souvent des élites sociales ou politiques, en particulier leurs origines, leurs liens de parenté, leur appartenance à des cercles de conditionnement ou de décision. L'usage de l'informatique, et notamment l'archivistique des bases de données concernant la généalogie, a permis un développement important de cette approche historique. En étudiant des séries complètes de biographies des membres d'un milieu, lorsqu'elle porte sur un tel objet, la prosopographie montre comment se recrute réellement la classe dirigeante d'un pays, ainsi que son programme politique, par delà la mise en avant de procédures d'élections démocratiques. Elle n'a donc jamais manqué de provoquer une opposition hostile des milieux de pouvoirs, depuis la publication à partir de 1797 des premiers Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme qui portaient sur le recrutement des élites parvenues au pouvoir avec la Révolution française, jusqu'à celle de la Noblesse d'État dans laquelle Pierre Bourdieu montre comment se recrutent et se conditionnent les membres de la technocratie. En effet, ces séries de biographies finissent toujours par mettre en évidence des institutions officieuses de sélection, de conditionnement et de décisions, qu'il s'agisse de la Compagnie du Saint-Sacrement au , du club des Jacobins, de l'École des cadres d'Uriage, des Young leaders, ou encore Le Siècle au .