vignette|300x300px|Page de titre des Pensées, dans une traduction anglaise de R. Graves, 1811.
Les Pensées pour moi-même (en Τὰ εἰς ἑαυτόν, Ta eis heauton, littéralement « Les [choses] pour soi-même »), souvent simplement intitulé Pensées, est le titre d'une série de réflexions divisées en douze livres, rédigées en grec entre 170 et 180 par l'empereur Marc Aurèle qui régna de 161 à 180 , et écrites au moins partiellement pendant ses campagnes militaires. Les Pensées n'étaient au départ qu'un journal, ne devant ni être publié ni révélé au public mais au contraire être détruit à la mort de l'auteur. Comme il n'est pas destiné à être lu par quiconque sauf son auteur, le texte est adressé à Marc Aurèle lui-même. L'empereur s'y adresse de nombreux reproches, réexpose périodiquement les mêmes idées et se donne des exercices afin d'une part de ne pas céder aux multiples tentations et facilités auxquelles il est exposé, d'autre part de persévérer dans la voie de la philosophie qu'il reconnaît comme la seule mesure de la valeur d'un homme.
Rédigées dans un style simple et froid, les Pensées sont une suite d'aphorismes et de courtes réflexions portant sur le devoir, la mort et la conduite du sage face aux erreurs et à la méchanceté des Hommes. Marc Aurèle, lui-même philosophe stoïcien développe la tradition d'Épictète selon laquelle tout homme a le profond devoir de ne pas s'inquiéter de ce qui ne dépend pas de lui, c'est-à-dire les biens matériels, les honneurs, l'opinion des gens, mais doit en contrepartie se rendre parfaitement maître de ses émotions, avis, opinions et jugements, seules choses dont il possède une parfaite maîtrise.
Par rapport à celle de son « prédécesseur », Épictète, la philosophie de Marc Aurèle est fortement orientée sur la notion de devoir et de responsabilité, notions importantes pour un empereur régnant sur un empire à son apogée mais souffrant de révoltes chroniques et de corruption.