Résumé
Le jugement désigne, en philosophie, une opération de connaissance, et non l'acte judiciaire de juger. Le terme de jugement est équivoque en philosophie, puisqu'il désigne tantôt (du point de vue psychologique) l'acte psychique par lequel nous affirmons, nions, etc., un contenu propositionnel, tantôt (du point de vue logique) ce contenu propositionnel lui-même. Au , c'est la première définition qui tend à s'imposer dans le langage courant. La définition traditionnelle du jugement considère celui-ci comme l'acte de prédiquer quelque chose de quelque chose: ainsi, dire « le chien est beau », c'est attribuer un prédicat, « la beauté », à un sujet, « le chien ». Cette définition classique est issue d'Aristote, et a été reprise notamment par Kant, pour qui le jugement est un acte de l'entendement par lequel celui-ci adjoint un concept à une intuition empirique (j'adjoins le concept de beauté à l'intuition empirique, c'est-à-dire, ici, à la sensation ou perception d'un chien). Dans cette mesure, un jugement est dit vrai lorsqu'il correspond au réel : si je dis « cet immeuble fait trois étages », ce jugement est vrai si l'immeuble fait effectivement trois étages, et non cinq. L'exemple paradigmatique soumis à réflexion est celui des illusions d'optique : lorsqu'en voyant la figure à gauche (les deux cercles orange), je dis que « ces deux cercles sont de tailles différentes », je me trompe. Pour interpréter cette "tromperie", les philosophes ont développé, depuis l'Antiquité, nombre de réflexions dont une position majoritaire s'est dégagée, soutenue par la philosophie classique (Descartes). Elle consiste à dire que la tromperie ou l'erreur ne proviendrait pas de la sensation elle-même, mais du jugement que l'esprit, ou l'entendement, porte sur ce qu'il perçoit. Ainsi, on ne se trompe pas si l'on dit que les cercles orange sont de même taille selon leur taille géométrique « réelle », et je ne me trompe pas non plus si je dis que ces mêmes cercles orange sont de tailles différentes selon l'apparence phénoménale que je perçois, c'est-à-dire selon mon point de vue (voir l'étonnante théorie des simulacres de l'épicurisme).
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